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Du bilan préfigurateur au projet Rep+ : quelques leçons issues de la vraie vie

Par Patrick Picard publié 09/05/2015 16:35, Dernière modification 14/04/2016 11:31
A Besançon, l'heure d'écrire le projet REP+ du réseau est arrivée. Paradoxal sentiment de continuité et de remise en question, après cette année de préfiguration -et son intense travail-.

 

par Coralie Bouvard, coordinatrice

"Depuis le printemps 2014, nous travaillons collectivement sur le référentiel de l'éducation prioritaire et les priorités de notre réseau, dans des allers-retours réguliers entre les pilotes (IEN, Principal et IA-IPR), les métiers intermédiaires (conseillères pédagogiques, directeurs d'écoles, formateurs académiques, coordonnatrice) et les enseignants. Tous avec le regard tourné vers : que faire pour la réussite du plus grand nombre de nos élèves ?"

Nous avions retenu deux à trois priorités par axe du référentiel (qui en contient six) pour nos écoles primaires. D'abord grâce à un travail collectif entre IEN, CPC, coordonnatrice et directeurs d'école, puis par retour dans les équipes enseignantes du réseau lors de conseils de cycles ou de maîtres. L'appui initial sur les préoccupations quotidiennes dans les écoles (l'acquisition lacunaire des compétences en production d'écrits par nos élèves, le sens des apprentissages pour eux, la communication avec les familles, les évaluations, le contenu des formations...) a permis une validation rapide et massive des enseignants en juin 2014, puis du comité de réseau. 

Cadrer le travail collectif

PlanoiseA la rentrée de septembre, l'IEN du réseau, les CPC, les directeurs d'école, le formateur académique et la coordonnatrice passent de nombreuses heures de travail sur un document de cadrage REP+ préfigurateur  pour aider au mieux les équipes à s'approprier les priorités définies, et pour rendre cohérents les différents espaces et temps de travail collectif. L'IEN souhaite également redéfinir les missions des animateurs-soutien devenus PMQDC, ainsi que des référents CM2-6èmes, afin qu'elles aussi soient en adéquation avec les priorités pédagogiques retenues (productions orale et écrite, explicitation des démarches d'apprentissage). Ce long travail d'équilibrage fait prendre un peu de retard dans les interventions des personnels supplémentaires, en attente de leurs priorités pédagogiques et de cycle, mais ce temps permet aussi à chacun de réinterroger les dispositifs anciens. Les discussions vont bon train pour trouver le juste milieu entre le cadrage institutionnel et la liberté des écoles de fonctionner selon leurs besoins spécifiques. Et à ce moment-là de l'année, aucun travail conjoint avec les collègues du second degré n'est vraiment engagé…

Un tissage intermétier délicat à construire : conseillers, coordo, formateur académique

EnfEcritTout au long de cette année scolaire, l'accent est mis sur la production écrite et la production orale : ce thème est l'objet de travail conducteur sur les trois journées de stages REP+ auquels peut prétendre chaque enseignant du premier degré, quelle que soit sa quotité de travail. Ces stages, par école, puis par niveau et enfin par cycle, sont pris en charge (tant sur l'organisation que sur les contenus) par les deux conseillères pédagogiques dont tout ou partie des missions est allouée au réseau. La coordonnatrice et le formateur académique viennent en renfort régulier sur la préparation de ces stages (films dans les classes, recherche de documents théoriques, travail avec les CPC et présence lors de ces moments de formation), mais manquent clairement de temps (mi-temps pour la coordonnatrice et quart-temps pour le formateur) pour s'investir davantage, notamment pour les stages concernant les maternelles. De plus, les lettres de missions des uns et des autres étant caducs ou inexistantes, le travail à trois (CPC, FA, Coordo) ne repose que sur leur entente et leur volonté de travailler ensemble pour nourrir aux mieux les demandes et besoins des collègues et des élèves. Cela n'optimise clairement pas la cohérence des interventions de chacun, ni l'efficience de cette « alliance » de compétences diverses.

Construire l’accompagnement à partir des problèmes du terrain : une gageure ?

Mais tous trois sont clairs sur leurs objectifs : partir des problèmes ordinaires rencontrés en classe pour outiller et soutenir les enseignants dans l'enseignement explicite de la production orale et de l'écriture quotidienne des élèves. "Malgré ce travail volontaire (mais évidemment partiel) basé sur les demandes du terrain, nous sommes confrontés à une vision encore descendante de la formation de la part de certains pilotes, explique l'un d'eux. Deux animations pédagogiques « inter-degrés » sont « proposées » dans l'année à l'ensemble des enseignants des écoles et du collège de réseau. Mais les interventions des professionnels du climat scolaire et la violence verbale sont programmées sans attendre le recensement des besoins. Résultat : des interventions peu adaptées qui génèrent de profondes insatisfactions chez les professeurs des écoles, notamment les maternelles. "Au vu de nos objectifs priorisés, c'est Péroz, Fetet, Boiron, Goigoux, Bernardin ou autre Cèbe qu'il nous aurait fallu !"

Des priorités mises en oeuvre dans la formation et l'accompagnement, sur des axes pédagogiques concrets

Les temps de concertations (6 jours remplacés pour un enseignant à temps plein, 3 jours remplacés pour celui à 75 % et 1,5 jours pour celui à mi-temps) sont priorisés sur les douze écoles du réseau :
- Productions orale et écrite (échanges de pratiques, observations dans d'autres classes, recherches théoriques, mutualisation et création d'outils, préparation de séquences avec le PMQDC...)
- Communication avec les familles (rendez-vous réguliers et individualisés avec les parents, pour le rendu des évaluations par exemple)
- Suivi des élèves (ESS avec le RASED, Équipes éducatives...)

Collectif EcoleChaque école, chaque enseignant reste néanmoins libre d'accorder plus ou moins de temps à chacun de ces trois axes. La coordonnatrice accompagne une équipe d'école élémentaire (la plus grosse du REP+), à titre expérimental, sur la cohérence de ces temps de décharge et concertations pédagogiques. Présence aux concertations, organisation des observations dans d'autres écoles, présentation d'outils ou de démarches en production écrite, aide à l'utilisation de Lector et Lectrix, etc.... Là encore, le temps manque pour être efficace, et la « mission » non légitimée par l'institution, est difficile car une nouvelle fois basée sur la volonté des personnes à travailler ou non ensemble, selon même parfois les affinités. Néanmoins, et l'on s'en rend compte dans le bilan de cette année de préfiguration, on sent à chaque instant la satisfaction des équipes d'avoir enfin du temps pour se voir, se parler, construire, échanger, apprendre, lire, travailler, coopérer, s'enrichir.... Les cinq remplaçants REP+ font de l'excellent travail et les enseignants sont sereins lors de leur décharge de classe. Des documents de synthèse sont envoyés à la circonscription par les professeurs après chacune de leur concertation pédagogique, « obligeant » ainsi les équipes à structurer leurs temps de rencontre et de travail, à faire le point et à envisager la suite. 

Des réussites tangibles, mais des besoins de regards extérieurs pour les accompagnateurs

Ce lien permanent entre concertations et formations-stages REP+ permet une vraie dynamique collective de travail sur l'axe pédagogique dégagé en début d'année. Les enseignants expérimentent de nouvelles manières de faire produire de l'oral et lui redonnent une place prépondérante (Péroz...), de nouvelles démarches pour faire écrire leurs élèves (Ouzoulias …), travaillent davantage sur la compréhension et l'explicite (Goigoux, Cèbe, Fetet...), s'emparent des ateliers d'inspiration Montessori. choraleIls se renouvellent, ajustent, constatent, observent, analysent, réessaient, débattent. Le travail avec le PMQDC n'en est que meilleur, source de plus de réflexions et d'actions encore dans les classes. Le titulaire prend davantage le temps d'observer ses élèves et la nature de leurs difficultés, mais aussi de mettre en oeuvre des séquences qui débouchent sur des productions remarquables.
Cet élan, déjà amorcé lors des années d'expérimentation en Groupe Recherche Action sur le réseau (travail accompagné et nourri par le centre Alain Savary de fin 2011 à mi-2014), prend tout son sens et toute sa dimension. Mais il nécessite beaucoup de vigilance et d’énergie à l'équipe de circonscription, appuyée par les directeurs REP+, le FA et la coordonnatrice) pour assumer et maintenir la cohérence, la continuité tout au long de l'année et dans toutes les instances (notamment avec le Conseil Ecole-Collège...). En ce sens, l'accompagnement dont bénéficiait le Groupe Recherche-Action permettait la prise de recul sur nos réflexions, la remise en cohérence de nos actions et cette vision extérieure, tantôt théorique, tantôt pratique, nourrissait et relançait plusieurs fois dans l'année notre dynamique de travail collectif intermétiers. Il tend désormais à manquer dans cette mise en place du REP+, il serait encore très utile tant aux enseignants face aux élèves qu'aux pilotes.

Un premier bilan

Est-il possible de réaliser un bilan de cette année de préfiguration ?... L’équipe de pilotage veut réaliser un diagnostic partagé. "A partir des outils élaborés par le Centre Alain Savary, nous avons mis à disposition des douze écoles un tableau (retravaillé avec coordo, CPC et directeurs) d'aide à la réflexion tout début avril 2015".

Bilan Axe1Ce tableau est rempli par les équipes, selon les priorités travaillées par école. Même si parfois le temps manque pour harmoniser les retours de chaque niveau ou chaque cycle, la coordonnatrice en réalise une synthèse présentée lors d'une réunion de travail interdegrés. Le but est de mettre en évidence les axes travaillés, les satisfactions et les manques de toutes les équipes, afin d'écrire le projet REP+ au plus près de nos préoccupations de terrain, au plus près de nos collègues et nos élèves. Le résultat est fidèle au riche travail du premier degré.
Les directeurs, les professeurs des écoles vont désormais prendre le temps de l'analyse de ce document, afin qu'il nous aide réellement et efficacement à écrire notre projet REP+... "Depuis un an, nous travaillons tous, dans le premier degré, à partir du Référentiel de l'éducation prioritaire, outil tellement parlant et éclairant qu'il nous donne envie de ne pas renouveler l'expérience de l'écriture du projet ECLAIR il y a quelques années, où 27 pages de réflexion avaient été réduites à un recto-verso d'objectifs chiffrés dont la moitié des indicateurs de réussite n'existent plus (et dont le bilan a été fait rapidement)"

Malheureusement, la liaison avec le travail important des enseignants du collège reste un peu difficile. Il serait pourtant nécessaire de rendre cohérent aussi nos priorités et nos manières de faire. Chacun en est conscient, et c'est l'une de nos perspectives majeures pour les prochaines années (cinq temps de concertation interdegrés sont déjà programmés pour l'année 2015-2016)

Un travail lent et exigeant de conception de projet partagé…

tableau

Les élèves méritent en effet un projet REP+ auquel les enseignants ont participé foncièrement, et que les nouveaux enseignants pourront s'approprier, pas un simple « contrat » à valider par le comité de pilotage ou le conseil d'administration du collège. "Cette transition entre le bilan préfigurateur et l'écriture du projet REP+ semble évidente, mais ne l'est pas. Si le bilan vient du terrain,  le projet reste éminemment institutionnel et il faut se battre pour que le travail de synthèse présenté soit suivi par une analyse qui serve le projet. Car « on » doit aller vite, « on » doit faire contrôler, faire valider, « on» doit l'envoyer à. Car « on » voudrait ne rien laisser de côté dans le référentiel, « on » voudrait tout balayer"...
A l'heure actuelle, la circonscription fait retour aux équipes d'écoles du document « bilan synthèses REP+ Écoles », afin que les écoles en nourrissent leurs analyses, affiner encore si besoin les priorités, peut-être trop nombreuses... En faisant le pari que mettre toute l'intelligence collective sur un ou deux objets de travail, évalués avec de vrais indicateurs réfléchis, sera gage d'efficience et de progrès des élèves. Ce cadrage n'empêche cependant rien à la liberté des écoles de poursuivre ou d'engager un travail sur d'autres objets selon les projets d'école, de classe. D'autres modalités de fonctionnement des concertations et stages seront également discutées dans les conseils de maîtres d'ici la fin de l'année pour anticiper au mieux le fastidieux planning des remplacements (là encore géré par une des CPC REP+).

… qui doit s’incarner dans les modalités concrètes du travail collectif et la reconnaissance du travail de chacun

Premier et second degré ont trouvé un consensus sur un document (encore provisoire) pour élaborer le projet REP+, avec un travail dans les écoles, un travail au collège, suivis de deux temps de travail interdegrés début juin pour finaliser la partie concernant tout le réseau. "Nous espérons ainsi pouvoir baser notre rédaction sur le travail déjà mené, afin de permettre la continuité, voire la pérennisation de cette dynamique collective porteuse pour nos élèves et nos enseignants sur les prochaines années. Pour garantir ce travail au service de l'enfant, il nous faudra éviter l'essoufflement des équipes sur un objectif ( donc anticiper les divers objets de travail priorisés pour les quatre prochaines années et la manière dont on les abordera en formation) et dans le travail collectif (les accompagner, les aider à prendre du recul sur leurs pratiques, sortir régulièrement du «entre soi »...)". 

bonheur

Les pilotes du réseau devront eux aussi prendre en compte et mettre en valeur l'engagement de leurs équipes, avoir une vision claire et des propositions pour nos écoles et notre collège. Les directeurs, les enseignants devront être soutenus dans leur quotidien et sentir qu'une communication à double-sens est engagée. Le pilotage est une notion floue pour le terrain, comme on le ressent dans les pages sur ce thème dans la synthèse des bilans des écoles. Il  nécessite donc une clarification des missions et leur mise en cohérence, ainsi que leur plus grande transparence.
"Sans communication, respect et prise en compte du travail de l'autre, quel que soit son métier, le travail collectif au service de l'élève perd sa valeur, sa richesse et son sens. C'est banal à dire mais difficile à construire" conclut la coordinatrice.

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