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Parcours de formation « Gérer les élèves perturbateurs »

Par skus — publié 12/09/2015 15:40, Dernière modification 29/06/2020 20:45
Mieux comprendre la nature des difficultés des élèves pour pouvoir agir collectivement : un guide pour le formateur. Ce parcours de formation propose de créer un espace collectif où la difficulté professionnelle peut se partager et où une équipe d'école, accompagnée par un formateur, pourra construire des réponses satisfaisantes dans la durée, aussi bien du point de vue de l’enseignant que du point de vue de l’élève.

 

A travers ses parcours de formation, le centre Alain-Savary propose aux formateurs des ingénieries de formation "hybride" (alternant différentes modalités) autour d'un sujet. Chacun d'eux comprend à la fois des ressources théoriques pour les formateurs, une proposition d'ingénierie, des supports de travail pour les stagiaires.

Voir tous les parcours proposés...

 

Ce parcours a été élaboré à partir d'un accompagnement réel d'une équipe d'enseignants d'une école élémentaire d'une petite ville qui recrute majoritairement ses élèves dans un quartier prioritaire de la politique de la ville.

 

frise-parcours-GEP

 

Téléchargement

Contexte et principes du parcours

Les discours et prescriptions insistent de plus en plus sur la bienveillance à l’égard des élèves, sur l’inclusion des élèves « à besoin éducatifs particuliers », sur l’individualisation des réponses qui doivent s’adapter aux « besoins des élèves ». Mais quand on demande aux enseignants, débutants ou chevronnés, quelles sont leurs préoccupations et leurs difficultés au quotidien, viennent fréquemment la fatigue et l’usure liées à la gestion des élèves « perturbateurs » : gestion des conflits entre élèves, élèves qui s’agitent en classe, qui ne se mettent pas au travail, qui ne respectent pas les règles de l’école ou de la classe. 

Les explications concernant ces élèves « perturbateurs » mettent souvent l’accent sur des problèmes extérieurs à l’école : permissivité des parents, cultures différentes, phénomènes du quartiers, difficultés sociales et précarité, problèmes d’ordre psychologique, manque de motivation, paresse, etc. Les travaux de recherche en éducation tendent à invalider ces explications pour privilégier les interactions entre les élèves et les enseignants comme principal facteur explicatif. Pourtant ces discours peuvent être contre-intuitifs pour de nombreux enseignants. 

Plutôt que de mettre en cause leurs préoccupations et les explications, le parti pris de ce parcours de formation est de les reconnaître, de les prendre au sérieux et d'en faire des objets de travail. L’usure des enseignants générée par les perturbations des élèves est bien réelle, bien que souvent tue, et on a beau prescrire de la bienveillance, cela ne dit pas comment faire dans la complexité des situations de classe. Quant aux explications qui renvoient les causes de la perturbation scolaire à l’extérieur de l’école, elles ont une fonction : elles permettent de préserver son estime de soi professionnelle dans des situations que l’on n’arrive pas à maitriser. 

Il s’agira donc dans ce parcours de formation de créer un espace collectif où la difficulté professionnelle peut se partager (par exemple où l’on peut oser dire qu’on a mis un élève au fond de la classe ou dans le couloir, qu’on lui a donné une punition). Le collectif des enseignants accompagnés par le formateur va essayer de construire des réponses plus satisfaisantes dans la durée, aussi bien du point de vue de l’enseignant que du point de vue de l’élève.

Public visé

  • Une ou plusieurs équipes d’école élémentaire ou de cycle (enseignants, directeurs, maître surnuméraire, membres du RASED). Ce parcours peut aussi s’adapter à des équipes de collège, voire à un stage de réseau école/collège.

Objectifs

  • Objectif 1 : Mieux identifier l’origine des perturbations scolaires
  • Objectif 2 : Construire des outils d’analyse et élaborer une ou des actions à mettre en œuvre collectivement

Méthodologie et mise en œuvre

Les explications concernant les élèves perturbateurs spontanément mises en avant par les enseignants tendent à chercher l’origine de la perturbation à l’extérieur (ou dans les caractéristiques personnelles de l’élève), ce qui peut leur permettre de préserver leur estime de soi. Cela engendre pourtant de réelles difficultés :

  • risque de surenchère des sanctions pour tenter de « contenir » les perturbations ;
  • impuissance à agir sur les comportements perturbateurs sur la durée.

Mais pour que les enseignants puissent sortir de cette impasse et prendre du recul sur la nature des difficultés d’un élève qui n’adopte pas un comportement scolaire attendu, il est nécessaire qu’ils puissent se décentrer de leur propre activité en classe pour pouvoir se centrer sur l’observation de l’élève. Pour cela, il peut être fécond :

  • d’aménager des moments où l’enseignant ne conduit pas la classe et se met en observation de ses élèves « perturbateurs » ;
  • d’avoir des outils théoriques pour analyser ce qui fait que l’élève ne rentre pas dans la tâche scolaire ;
  • d’élaborer des réponses pédagogiques plus efficaces, pour l’élève comme pour l’enseignant. Ces réponses seront à expérimenter pour voir si les bénéfices qu’elles apportent n’ont pas un coût trop important afin qu’elles puissent être tenue sur la durée.

Quelques éléments issus de travaux de recherche, qui permettent de mieux comprendre la nature des problèmes qui peuvent générer de la perturbation scolaire (mais pas forcément...), sont présentés dans la partie "ressources".

Ces éléments théoriques permettent de mieux comprendre la nature des difficultés des élèves « perturbateurs » :

  • des différences sociales de réussite scolaire ;
  • des styles éducatifs parentaux et d'enseignement ;
  • des usages différenciés de la langue ;
  • des pratiques scolaires différenciatrices.

Les ressources vidéos proposées visent à découvrir l’activité réelle de chacun à partir de vidéos d’entretiens d’enseignants et de chercheurs, issus de la plateforme NéoPass@ction. En confrontant ainsi les stagiaires  à une situation de classe où un élève perturbe le travail, on pourra animer un premier temps collectif de formation sur les difficultés professionnelles et la compréhension des difficultés des élèves qui perturbent la classe. 

Avant le premier temps de formation il est souhaitable de rencontrer l’équipe (ou les équipes) pour partager l’objet de la formation, leur permettre de formuler leurs préoccupations, si possible en assistant à des temps de classe avec les enseignants volontaires.

Pour préparer le deuxième temps de formation, il peut être intéressant d’organiser, avec les ressources dont dispose chaque école (décharge de direction, maître supplémentaire, RASED) au moins une séance où chaque enseignant peut être en situation d’observer des élèves « perturbateurs » (ceux de sa classe ou d’autres) afin que ces observations nourrissent  la réflexion collective. 

Les supports vidéos sur la plateforme NéoPass@ction

Description

NeopassV2La plateforme de formation NéoPass@ction organise de façon thématique des ressources :

  • vidéos (de classe, de témoignages, d’analyses) et textuelles (descriptions, explications, bibliographies...), consultables en ligne par tous les enseignants des établissements publics et privés sous contrat, et téléchargeables par les formateurs ;
  • dont l’objectif est de donner à voir le travail réel des enseignants, en particulier des débutants, et les problèmes typiques avec lesquels ils sont aux prises dans leur activité quotidienne (mettre les élèves au travail, les aider à apprendre, les faire parler, faire face aux incidents...).

Cet outil emprunte notamment les cadres de l’analyse du travail : il entend proposer une approche de la formation basée sur l’analyse du travail réel, et être compatible avec différentes modalités d’utilisation qui peuvent s’articuler : en contexte de formation, dans des collectifs de travail à l’école, en consultation individuelle... 

C’est pourquoi ce parcours vise aussi à inciter enseignants et formateurs à découvrir cette plateforme pour la réutiliser plus tard.

Consultation

Si vous n'êtes pas encore inscrit(e), inscrivez-vous avec votre adresse académique sur :

Le thème 6 « Faire face aux incidents »

néopass-theme6
neopass-theme6-activite44

Mise en œuvre détaillée du parcours

N.B. : Les éléments qui suivent ne sont évidemment que des propositions qu’il vous appartient d’adapter à votre contexte d’exercice et à votre expérience de formateur.

Vous trouverez dans le livret du formateur un tableau qui liste les tâches nécessaires à la préparation de la première session. 

Négociation du parcours de formation

En tant que formateur, un élément central pour préparer cette rencontre et la suite de la formation est la phase de négociation avec les différents responsables et métiers intermédiaires (IEN, conseillers pédagogiques, coordonnateur REP, directeur d’école, voire enseignant surnuméraire et membres du RASED) : vous intervenez en réponse à une demande d’une ou plusieurs de ces personnes, mais votre intervention et la qualité de l’appui que vous trouverez auprès d’eux dépend en partie de la manière dont vous co-construirez avec eux ce parcours en ayant développé avec eux une même représentation du problème à affronter et de la manière de s’y prendre avec les moyens dont vous disposez.

E1-parcoursGEPObservation dans l’école et rencontre des enseignants

Cette phase, si elle peut sembler compliquée et chronophage, est pourtant déterminante d’un double point de vue :

  • il s’agit d’observer, en contexte, ce qui « fatigue » les enseignants dans leur gestion des élèves à la fois dans le cadre de la classe et hors de la classe (accueil, récréation, circulation dans les couloirs, etc.) afin de nourrir les échanges avec eux sur leur propre vécu ;
  • il s’agit aussi de gagner leur confiance en leur montrant qu’on s’intéresse à leurs difficultés réelles et qu’on n’est pas là pour juger leur travail mais pour le soutenir.

On peut proposer aux enseignants, par le biais du directeur de l’école ou de l'IEN, une journée où le formateur sera présent dans l’école, pour :

  • participer à des temps de classes avec les enseignants qui le souhaitent (on gagnera leur confiance en adoptant une posture participative dans la classe en participant aux tâches de l’enseignant) et prendre un moment de discussion avec chacun d'eux après ce temps pour leur demander d’expliciter des situations où ils ont du mal à gérer certains élèves ;
  • animer un court temps d’échanges (1/2 heure, 3/4 d’heure) avec l’ensemble de l’équipe en s’appuyant sur les enseignants qui vous ont accueilli dans leur classe, pour autoriser la parole sur les difficultés ordinaires de chacun à gérer la perturbation.

E2-parcoursGEPAnimation pédagogique 1 (3 heures)

1) Objectifs

Les objectifs de cette animation peuvent être :

  • de définir des observables communs ;
  • que chacun dans l’équipe s’autorise à parler des élèves perturbateurs et de ses difficultés à les gérer, en comprenant que c’est une difficulté ordinaire du métier qui ne concerne pas que les enseignants débutants ;
  • de savoir décrire une situation ordinaire de classe et faire des hypothèses sur les raisons qui emmènent un enseignant à faire ce qu’il fait dans cette situation ;
  • de comprendre par la confrontation des points de vue qu’il y a plusieurs façons de faire face à une situation qui dépendent du parcours professionnel de chacun ;
  • de commencer à comprendre les éléments de difficulté dans la situation scolaire qui peuvent amener un élève à devenir « perturbateur » ;
  • de préparer l’intersession pour permettre à chaque enseignant de se mettre en situation d’observation de ses propres élèves perturbateurs sans avoir à conduire la classe en même temps (au moins une fois, en fonction des ressources de l’école et de la circonscription).

2) Préparation

Pour faciliter votre travail de préparation et d’animation de la session présentielle, nous vous conseillons de vous appuyer sur :

  • Vos observations dans l’école sur les moments de perturbation même mineurs ;
  • Votre propre description et analyse des vidéos de néopass@ction et de ce que disent les différentes personnes (enseignante de la classe, autres débutants, chevronnés, chercheurs) de la situation et notamment en mettant en avant la variété des points de vue.

3) Temps 1 de l’animation : accueil et présentation du cadre de travail (20mn)

Passage à risque formateur

C’est le moment où vous allez enrôler les enseignants dans la formation. Pour cela, ils ont besoin de sentir que ce que vous allez leur proposer est :

  • utile : ce que vous allez leur proposer prend en compte leurs préoccupations ordinaires et leur permettra de se sentir mieux dans leur travail quotidien ;
  • utilisable : ce que vous allez leur proposer ne leur demandera pas de faire des choses irréalisables ou trop coûteuses pour eux ;
  • acceptable : ce que vous allez leur proposer est compatible avec leur éthique professionnelle et vous n’êtes pas là pour juger ce qu’ils font.

La diapositive sur le travail réel en tension entre « ce qu’on me demande » et « ce que ça me demande » est utile pour ça. Vous pouvez aussi présenter rapidement la plateforme néopass@ction (plusieurs diapositives du diaporama-support du parcours contiennent des captures d’écran de la plateforme) et son parti-pris (éventuellement, vidéo de présentation, sur la page d’accueil).

4) Temps 2 de l’animation : regarder, décrire, interpréter la situation de classe (45mn)

Passage à risque stagiaires

Regarder une vidéo d’une situation de classe ordinaire n’est pas simple :

  • pour des enseignants débutants ou en difficulté dans leur classe, l’effet miroir peut provoquer de vives émotions sur lesquelles il faudra mettre des mots ;
  • pour des enseignants plus à l’aise, voire des formateurs (PEMF, conseillers pédagogiques), le risque existe que l’on soit tout de suite dans le jugement.

Il est donc important de centrer l’attention dans un premier temps sur le factuel : décrire précisément ce qu’on voit de la situation de classe, des gestes et paroles de l’enseignante, des gestes et paroles de l’élève « perturbateur », des autres élèves, avant de chercher à analyser ou chercher des alternatives.

Tâche :

classe-heleneProjeter la vidéo (3mn 49s) de la situation de classe d’Hélène dans le thème 6 de néopass@ction activité 44 « Comportements perturbateurs »

 

http://neo.ens-lyon.fr/neopass/index.php?themes=6&activites=44

Consigne :

Relever des éléments de description de la situation (en essayant de ne pas interpréter) :

  • organisation et situation de classe ;
  • gestes et paroles de l’élève « perturbateur » ;
  • gestes et paroles de l’enseignante vis-à-vis du reste de la classe ;
  • gestes et paroles de l’enseignante vis-à-vis de l’élève « perturbateur » ;
  • attitudes des autres élèves.

Une fois la lecture de la vidéo terminée, donnez la parole au groupe pour décrire la situation en notant les éléments dans un tableau sur le modèle ci-dessous que vous vidéo-projetez.

 DescriptionInterprétation
Situation    
Elève perturbateur    
Enseignante    
Autres élèves    

Une fois la description achevée, passez à une phase d’échange sur l’interprétation des éléments observés en complétant la colonne de droite du tableau. 

Consigne :

Donner les raisons selon vous qui font que :

  • l’élève « perturbateur » fait ce qu’il fait
  • l’enseignante fait ce qu’elle fait

Mettez en évidence dans le tableau pour chaque élément les différences d’interprétation données par les stagiaires (qui peuvent être légitimes…).

5) Temps 3 de l’animation : écouter ce que dit l’enseignante filmée, un autre enseignant débutant et un enseignant chevronné de la situation (45mn)

Tâche :

autoconf-heleneProjeter la vidéo « C’est le clown de la classe » (6mn 41s) de l’auto-confrontation d’Hélène à la situation de classe dans le thème 6 de néopass@ction activité 44 « Comportements perturbateurs »

http://neo.ens-lyon.fr/neopass/index.php?themes=6&activites=44

Consigne :

Relever des éléments de l’analyse que donne l’enseignante de la situation :

  • éléments concernant l’élève ;
  • éléments concernant ses propres réactions.

Une fois la vidéo terminée, donnez la parole au groupe pour comparer ce qu’Hélène dit avec les interprétations que le groupe a fait.

Projeter les vidéos témoignages : choisissez 2 ou 3 vidéos d’enseignants réagissant à la situation (au moins un débutant et un expérimenté)

theme6-activite44-debutantstheme6-activite44-experimentes

Faire ensuite échanger le groupe sur les différences d’interprétation entre débutants et expérimentés, sur le problème que constitue cette question des élèves « perturbateurs », sur la manière dont chacun, débutant ou expérimenté, s’y prend face à ce problème, parfois de manière réfléchie, parfois de manière « épidermique » parce qu’on n’en peut plus…

6) Temps 4 de l’animation : Difficultés des enseignants / difficultés des élèves (20mn)

Tâche :

theme6-activite44-chercheurProjeter les vidéos suivantes présentes dans les vidéos témoignages « les chercheurs » de Sébastien Pesce : 

  • Faire apprendre les codes sociaux (1mn 17s)
  • Une demande de conformité trop globale (1mn 42s)
  • Expliciter les normes (3mn 20s)
  • Des stratégies d'évitement (0mn 48s)
  • L'angoisse de donner la parole aux élèves (3mn 12s)

Consigne :

Relever des éléments de l’analyse que donne le chercheur de la situation :

  • éléments concernant les difficultés de l’élève ;
  • éléments concernant les difficultés de l’enseignante.

Après le visionnage, il est important de préciser le point de vue qui est celui d’un chercheur : quelqu’un qui regarde le réel et la complexité des interactions dans la classe à travers le prisme de son champ de recherche (ici la sociologie de l’éducation et l’analyse institutionnelle) et des outils conceptuels de celui-ci (par exemple ici les notions de codes sociaux et de normes scolaires). C’est ce qui lui permet de voir et d’analyser ce qu’aucun enseignant ne peut voir et analyser facilement en situation de travail dans sa classe. Et comme toutes les analyses, elle est discutable !

Donnez la parole au groupe pour les faire s’exprimer sur ce qu’ils retiennent concernant les concepts qui servent à ce chercheur à analyser les difficultés de l’élève et de l’enseignante.

On peut conclure ce temps en citant une phrase que Sébastien Pesce reprend du sociologue Herbert Blumer :

« Les gens agissent envers les choses au regard de la signification que ces choses ont pour eux. » 

Il la complète dans une conférence (en ligne sur le site de l'ESEN) en précisant que les significations sont le produit d’une élaboration collective. 

Cela permet d’introduire la suite : 

  • si l’on veut agir réellement sur le comportement des élèves perturbateurs, il faut d’abord comprendre ce qu’ils ne comprennent pas ; 
  • et si l’on veut comprendre pourquoi certains élèves n’agissent pas en classe de la manière attendue, il faut se donner les moyens de les observer et de recueillir auprès d’eux la signification qu’ils donnent à telle ou telle situation. 

Ce qui permettra ensuite de penser des dispositifs où la signification des situations scolaires sera ré-élaborée avec eux.

E3-parcoursGEP6) Temps 5 de l’animation : organiser les temps d’observation des élèves perturbateurs (20mn)

Pour que les enseignants acquièrent un point de vue différent sur leurs élèves perturbateurs, il est intéressant qu’ils puissent être dans une situation différente que celle de la conduite de la classe. 

L’objectif de ce temps est donc d’élaborer un protocole où l’équipe va s’organiser pour permettre à chaque enseignant volontaire de se mettre au moins une fois en situation d’observation de ses élèves « perturbateurs », en classe ou dans d'autres temps de la vie scolaire, en mobilisant les ressources dont dispose l’école et/ou la circonscription (maître supplémentaire, temps de décharge de direction, enseignants du RASED, remplaçants de la circonscription sur un temps où ils n’ont pas de remplacement à effectuer, etc.). Il s’agit de faire en sorte que sur au moins une séance, une autre personne conduise la classe et que l’enseignant de la classe observe un ou plusieurs de ses élèves « perturbateurs » en notant précisément :

  • ce qu’il(s) fait(font) ou ne font pas ;
  • à quel moment et dans quelle situation de travail ;
  • ce qu’il(s) dit(disent) de ce qu’ils ont compris de la situation (il faudra lui (leur) poser la question soit en s’approchant d’eux pendant la situation, soit prendre un moment après pour le faire).

On peut proposer un tableau de ce type :

SituationMomentActions de l’élèveSignification pour l’élève
       
       
       
       

Pour organiser ces temps d’observation il est important de tenir compte des préférences de chaque enseignant et des affinités qu’ils peuvent avoir entre eux. Certains peuvent préférer que ce soit un collègue en qui ils ont confiance qui prenne leur classe plutôt que le directeur ou le maître supplémentaire, il suffira que ceux-ci prennent la classe du collègue pendant ce temps.

On peut également proposer d’observer :

  • les élèves dans les autres espaces de l’école (cour de récréation, espaces sportifs, cantines, etc.) ;
  • d’autres classes si c’est possible avec l’équipe (nécessite une confiance déjà installée entre les enseigants...).

Conclure en annonçant que les matériaux recueillis seront le support de travail de la deuxième session. S'organiser pour établir précisément les modalités concrètes de recueil.

E4-parcoursGEPAnimation pédagogique 2 (3 heures)

1) Objectifs

Les objectifs de cette animation sont :

  • de partager les différentes situations observées dans l’intersession pour les analyser, les catégoriser et esquisser des solutions possibles d’amélioration à partir de l’expérience professionnelle de chacun ;
  • de partager des éléments théoriques pour mieux comprendre la perturbation scolaire ;
  • de construire quelques chantiers collectifs de travail pour expérimenter des dispositifs ou des outils pour mieux anticiper et gérer les perturbations.

2) Préparation

  1. Pour anticiper sur l’analyse des situations, vous pouvez demander aux enseignants qui le souhaitent de vous envoyer une copie de leur grille d’observation remplie quelques jours avant cette session.
  2. Vous pouvez consulter un exemple de ce qui a été produit lors d’une animation pédagogique où ce scénario à été mis en œuvre.
  3. Pour préparer la présentation théorique, appropriez-vous les contenus du diaporama de la deuxième partie du diaporama (diapos 10 à 28), éventuellement en écoutant une intervention de la chercheuse Sylvie Cèbe, sur le site de l’IFé (Partie 1 à partir de 17mn 12s et partie 2 à partir de 1mn 30s jusqu'à 14mn 45s). Pour approfondir les questions de pratiques différenciatrices vous pouvez également regarder l’entretien avec Jacques Bernardin sur le site du centre Alain-Savary .

3) Temps 1 de l’animation : partager les observations (1h30mn)

Consigne :

Demander aux enseignants qui le souhaitent de présenter une observation en commençant par décrire précisément ce qui s’est passé. Pour chaque situation échanger sur l’interprétation que l’on peut faire du comportement de l’élève et sur des pistes de travail possible pour essayer d’améliorer les choses dans l’école.

Recueillir les échanges dans un tableau de ce type :

SituationsAnalysesPistes
     
     
     
     

 Vous trouverez un exemple de tableau rempli lors d'une animation pédagogique réelle ci-dessous :

vignette-exemple-animation2-parcoursGEP

Exemple issu d'une animation réelle

(PDF - 2 pages - 168 Ko)

4) Temps 2 de l’animation : présentation d’éléments théoriques (45mn)

A l’aide du diaporama support, présenter des éléments théoriques qui permettent de mieux comprendre la nature des difficultés des élèves « perturbateurs » :

  • des différences sociales de réussite scolaire ;
  • des styles éducatifs parentaux ;
  • des usages différenciés de la langue ;
  • des pratiques scolaires différenciatrices.

5) Temps 3 de l’animation : construire des pistes de travail réalistes (45mn)

Lister les pistes évoquées dans le temps 1 et échanger sur ces pistes pour évaluer avec l’équipe :

  • leur pertinence au regard des problèmes rencontrés, de l’âge des élèves et des niveaux de classe ;
  • la facilité de mise en œuvre pour qu’elles puissent durer.

Constituer des groupes de travail autour des pistes qui semblent les plus utiles et utilisables par l’équipe afin de formaliser des éléments concrets de leur mise en œuvre.

Demander à chaque groupe de présenter son travail à tous.

Conclure sur la nécessité de se donner les moyens d’évaluer collectivement et régulièrement leur mise en œuvre : en conseil des maîtres, en conseil de cycles ou dans de futurs temps de formation.

 

Ressources

L’approche par le travail réel

Dans cette approche théorique (voir ci-dessous), l'activité d'une personne au travail est donc, au-delà de son action visible, ce qui la préoccupe, ce qu'elle aimerait faire mais n'arrive pas à faire, sa prise d'informations des éléments de la situation, les choix qu'elle fait ou ne fait pas dans cette situation, etc.

ergonomie

Tout professionnel qui travaille est en tension entre deux logiques :

  • La logique du prescripteur : "ce qu'on me demande de faire"
  • La logique de l'opérateur : "ce que ça me demande pour le faire", "ce que je pense utile de faire", "mes valeurs", "mes conceptions du travail bien fait"

Travailler, c'est donc, à chaque instant, faire des compromis provisoires entre ces deux logiques, pour pouvoir continuer à agir, mais aussi tenter de faire ce que le métier ne parvient pas encore à faire.

L'efficacité au travail peut donc se regarder de deux points de vue :

  • celui de l'efficacité objective : la conformité à la prescription ("Est-ce ce que j'ai fait ce qu'on me demande ?")
  • celui de l'efficacité subjective : le sentiment d'avoir fait du "bon boulot" tout en me préservant sur la durée.

Selon cette approche, pour aider les personnes à "apprendre de leur métier", il est nécessaire, en formation, de confronter ces "critères de qualité au travail" pour mieux identifier "les problèmes de travail" et imaginer collectivement des solutions à expérimenter.

NB : Si vous êtes intéressé par cette approche théorique, vous trouverez des références pour approfondir celle-ci dans la bibliographie/sitographie à la fin de l'article.

Les élèves perturbateurs : de l’origine à la nature des difficultés

Vous trouverez dans le livret du formateur dans la partie "ressources" une synthèse de diverses recherches . Ces éléments sont également intégrés au diaporama support de ce parcours de formation (PDF - 37 pages - 5Mo).

diapo-cebe-parcoursGEP 

Bibliographie/sitographie

Néopass@ction

Présentation de la plateforme : http://neo.ens-lyon.fr/neo/ (visionner la vidéo de présentation, 4mn 16s)

Pour plus de détails, voir par exemple les vidéos de ces deux pages : 

L'analyse du travail

Livres

  • Analyser l'activité enseignante, des outils méthodologiques pour l'intervention et la formation, Yvon F. et Saussez F. (dir.), PUL 2010
  • Le travail à coeur. Pour en finir avec les risques psychosociaux, Clot Y., La Découverte 2010, coll. « Cahiers libres »

Articles

Prévenir les TMS De la biomécanique à la revalorisation du travail, l’analyse du geste dans toutes ses dimensions, en ligne, Bourgeois F. et Hubault F.  IN @ctivités, volume 2 numéro 1, http://www.activites.org/v2n1/bourgeois.pdf

Sites web

La perturbation scolaire et les difficultés d’apprentissage

Livres

  • Galand B., Les sanctions à l’école et ailleurs - serrer la vis ou changer d’outils ?, Éditions Couleur livres dans la collection CGé : L’école au quotidien, 2009.
  • Carra C., (2009), Violences à l'école élémentaire : l'expérience des élèves et des enseignants. Paris : PUF.
  • Carra C., (2011), Faggianelli D., Les violences à l'école. Paris : PUF, QSJ.
  • Faggianelli D., Carra C., (2011), Le carrousel des violences à l'école. Arras : Artois Presses Université.
  • Janot-Bergugnat L., Rascle N., (2008), Le stress des enseignants, Paris : Armand Colin.
  • Pesce, S., (2012), « Face à la situation violente, le geste éducatif : d’une sémiologie de la réaction à une sémiotique de l’acte éducatif », in N. Auger (éd.), La violence verbale à l’école, Paris : L’Harmattan.
  • Pesce, S., (2012), « De l'ascription à l'inscription symbolique. Situations violentes, construction du sens et formation du sujet social », in C. Romain et C. Moïse (éds.), Violence verbale, croisements disciplinaires. Paris : MSH Paris Nord.
  • Robbes B., (2010), L'autorité éducative dans la classe. Douze situations pour apprendre à l'exercer. Paris : ESF éditeur.

Sites web

La formation hybride

  • Une formation continue des enseignants aujourd'hui, Patrick Picard, directeur du centre Alain-Savary :
http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/nouvelles-professionnalites/formateurs/une-formation-continue-des-enseignants-aujourdhui
  • Organiser une formation hybride : à quelles conditions ? compte-rendu de la formation de formateurs organisées par le centre Alain-Savary. La formation hybride, notamment entre présentiel et à distance, se développe dans le discours institutionnel mais aussi dans la pratique, pour différentes raisons (coût, souplesse, mais aussi intérêt didactique). Cependant la mise en place d’une formation hybride n’est pas sans soulever de questions ni poser des problèmes. Cette modalité renvoie à des questions vives : personnalisation des formations, posture de formateur, place de l’outil technique dans la formation. Durant deux jours, une cinquantaine de formateurs et d'universitaires ont planché sur la question à l'IFE : http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/nouvelles-professionnalites/formateurs/organiser-une-formation-hybride-compte-rendu-de-la-formation-du-1er-et-2-octobre-2013

Crédits

Thème 6 de Néopass@ction

  • « Faire face aux incidents » a été mené sous la responsabilité scientifique de Cécile Carra, professeure des universités en sociologie à l'IUFM du Nord/Pas-de-Calais, école interne de l'Université d'Artois et directrice du laboratoire de recherches en éducation et formation RECIFES (EA 4520).
  • Ont participé à la réalisation de ce projet : Laurence Bergugnat, maître de conférences en sciences de l'éducation à l'IUFM d'Aquitaine ; Daniel Faggianelli, IUFM du Nord/Pas-de-Calais ; Sébastien Pesce et Bruno Robbes, maîtres de conférence en sciences de l'éducation à l'IUFM de Versailles, ; Mickaël Vigne, IUFM du Nord/Pas-de-Calais ; Martine Trojanowski, IUFM du Nord/Pas-de-Calais et Matthieu Outrequin, étudiant de master à l'IUFM du Nord/Pas-de-Calais. A également participé au projet Frédéric Boudenoot, technicien en audio-visuel à l'IUFM du Nord/Pas-de-Calais.
  • Equipe Néopass@ction

Conception du parcours de formation

Stéphane Kus, centre Alain-Savary, Institut français de l'Éducation

Remerciements

A toute l’équipe du centre Alain-Savary pour leurs conseils et leur relecture

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