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Centre Alain Savary
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R.E.P.E.R.E.

Par Henrique Vilasboas publié 27/03/2019 15:45, Dernière modification 27/03/2020 19:23
À Villiers-le-Bel, une association, en partenariat avec l’Éducation Nationale et la Ville, organise un dispositif d'ouverture de la classe à des parents volontaires de cycle 2, après leur avoir donné des éléments de compréhension de l'apprentissage scolaire. Le responsable de l'association présente ici le dispositif.

 R.E.P.E.R.E. Rassembler Parent Enfant Enseignant Pour Réussir Ensemble (95)

 La présentation ci-dessous est rédigée à partir du témoignage de Thierry Jolly formateur REP+ et partie prenante de l’association R.E.P.E.R.E. Le dispositif présenté concerne l’école élémentaire. 

Contexte du dispositif

En amont de l'expérimentation, le réseau Éducation Prioritaire de Villiers-le-Bel (95) a utilisé plusieurs dispositifs d'information aux parents, proposés par le Ministère de l’Éducation nationale, entre 2010 et 2013 (par exemple, La mallette des parents) Ces différents dispositifs nationaux ont été considérés comme peu lisibles ou peu accessibles, très dispersés ou trop prescriptifs, ne répondant pas forcément aux attentes des parents d’élèves comme des professionnels. Au cours de diverses rencontres, les parents ont pu faire la demande de mieux comprendre ce que les enfants apprennent dans les classes.
Le dispositif R.E.P.E.R.E a été créé en 2013, projet né hors les murs de l’École, avec pour support une maison de quartier et un centre socioculturel. C’est un projet associatif porté par des parents, des enseignants et des formateurs, conventionné avec les PRE (Programmes de Réussite Éducative) des municipalités de Gonesse et de Villiers-le-Bel (95). Les parents engagés au sein de l’association jouent un rôle de relais important auprès des autres parents. La présidente est une mère d’élève dont les enfants ont eu un parcours scolaire complexe. Elle témoigne volontiers et intervient fréquemment dans les formations. Le dispositif se compose de modules de formation dont une étape se déroule dans la classe.

Ce dispositif est mis en place dans chaque école volontaire pour une durée de trois ans. Passé ce délai, un «référent école-famille» qui a bénéficié des formations R.E.P.E.R.E. prend le relais, ce qui permet à l’équipe formatrice de se retirer pour se consacrer à une nouvelle école.

Objectifsrepere3

Pour les parents : 

  • (Re)découvrir l’organisation de la classe et de l’enseignement aujourd’hui.
  • Comprendre les attentes de l’École.
  • Restaurer chez certains l’image dégradée qu’ils ont de l’institution.

Pour les enseignants :

  • Rendre compréhensibles les apprentissages scolaires des élèves et expliciter les attentes de l’École.
  • Développer une écoute attentive à l’égard des parents, de ce qu’ils s’autorisent à dire lors de leurs observations.
  • Donner certains codes d’entrée à l’école et certains codes du métier, sans chercher à normaliser l’enfant.

Pour les équipes :

  • Se questionner en équipe sur les missions que l’on assigne aux parents.
  • Définir ce qu’on attend des parents en dehors de l’école.
  • S’intéresser aux formes scolaires fréquentées par les parents lorsqu’ils étaient élèves eux-mêmes.

Mise en œuvre

Les ateliers R.E.P.E.R.E fonctionnent en trois modules sur l’année scolaire :

    • Lire-écrire.repere4
    • Mathématiques : compter-calculer-tracer
    • Attitudes et postures scolaires.

Après une réunion d’information, les parents qui s’engagent suivent trois modules répartis sur l'année :

À titre d'exemple sur le lire écrire :

  • Lundi et mardi: deux ateliers de 16h30 à 18h. Une animatrice en service civique s’occupe des enfants pendant le temps de formation des parents.
  •  Vendredi: observation d’une séance d'apprentissage en lecture-écriture d'une heure en classe.
  •  Une fois par mois: un café des parents avec un retour sur le module.

«Les ateliers, animés par des formateurs de l’Éducation nationale, permettent de travailler en amont sur "ce qui n’est pas lisible d’emblée" par les parents dans la classe. L’entrée dans le module s’appuie sur les représentations que se font les parents des apprentissages de leur enfant. Puis viennent des explications sur la manière de faire en classe. La deuxième séance est dédiée aux outils de la maison, à savoir comment aider son enfant en utilisant ce qui est à disposition (ex : les emballages alimentaires). Finalement ce dont les parents ont besoin, c’est de comprendre le langage de l’école. Les parents comprennent bien que les enfants doivent apprendre les leçons, mais la restitution n’est pas la bonne. Parfois il y a un décalage entre ce que les parents pensent bien faire, c’est-à-dire réciter les leçons par cœur, et l’exploitation qui en est faite dans les classes. Depuis qu’on pratique le dispositif à 16h30, tous ces petits jeux sont montrés devant les enfants et emmenés à la maison et finalement ce sont les enfants qui sont les meilleurs vecteurs de ce qui est montré en formation aux parents.» (Thierry Jolly, formateur).

C’est au cours du deuxième atelier que le formateur prépare les parents pour le temps d’observation en classe, en lien avec ce qui a été expliqué lors de la formation. Dans une classe de même niveau que leur enfant mais pas celle de leur enfant, les parents viennent observer une séance de 45 minutes sur la thématique abordée lors des ateliers précédents.

La semaine suivante, lors du café des parents, une discussion s’engage sur ce qui a été observé en classe, appris en formation et un lien se fait avec les devoirs à la maison .

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Qui participe au dispositif ?

Parents 

Au démarrage, les volontaires étaient les plus investis dans l’école: les représentants élus, ceux qui accompagnent les sorties, etc. Ceux ciblés prioritairement par le dispositif se sont progressivement sentis concernés. Ce sont des parents en difficulté pour communiquer avec les enseignants : des parents dont les enfants ne réussissent pas à l'école, qui sont parfois en rupture avec l'école, des parents allophones ou qui n’ont pas fréquenté l’école française, des parents qui n’osent plus franchir la grille. Pour tous, le passage par le dispositif est un vrai pas vers plus de confiance en eux et en l’école.

Enseignants 

L’observation de leur classe produit un certain stress, une peur d’être jugé, une nécessité d’être «parfait». Les enseignants volontaires sont intéressés par ce «pas de côté», ce déplacement de leurs gestes professionnels pour devenir un enseignant plus réflexif. L’entrée dans le dispositif permet d’approfondir leur réflexion sur les manières d’apprendre des élèves et donc sur leurs démarches d’enseignement. Le temps d’échange lors du «Café des parents» démystifie la peur du jugement. De plus en plus d’enseignants sont rassurés et deviennent alors volontaires, suite à ce temps d’échange.

Écoles

Celles qui s’inscrivent dans le dispositif sont motivées du fait d’un climat scolaire détérioré, assorti d'un manque de formation dans l'Éducation Nationale sur les relations école-famille et d'un sentiment d'inefficacité des outils proposés. Les équipes cherchent des solutions pour améliorer l’image de l’établissement, pour construire une ambiance scolaire plus sereine. Cependant force est de constater qu'au moment du diagnostic, les représentations négatives sur les parents d’élèves persistent chez les professionnels, bien que déconstruites par les recherches en sociologie de l’école : on entend parler de  parents «démissionnaires» ou «défaillants».

Impact du dispositif 

Aucun protocole ne permet de mesurer scientifiquement l’impact de ce dispositif. Un questionnaire a été lancé auprès des parents et des enseignants.

Ce qui est constaté, pour les familles qui fréquentent le dispositif systématiquement:

  • Une relation de confiance s’installe sans que l’un cherche à prendre la place de l’autre.
  • La posture parentale de l’aide aux devoirs évolue : du « par cœur » à la compréhension de l’attendu.
  • Les parents acquièrent une certaine compréhension des codes et des attentes de l’école, qui leur permet une meilleure implication scolaire: lecture des évaluations, notions de compétence, processus d’apprentissage, etc.
  • Une relation apaisée se construit à la maison autour des devoirs, notamment pour les élèves en grande difficulté.
  • Un impact positif en cas de participation du père au dispositif, alors que la relation avec l’école est le plus souvent dévolue aux mères. Lorsqu’il est présent dans la démarche, son autorité symbolique entraîne une intensification des effets sur l’élève.

 

 

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