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Centre Alain Savary
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Prise de vue en classe et entretiens filmés : les manières de faire du centre Alain-Savary

Par skus — publié 09/09/2016 16:05, Dernière modification 08/10/2017 09:23
Les conseils ci-dessous sont rédigées afin d’outiller des NON SPECIALISTES, en favorisant toujours des solutions SIMPLES tout en essayant d’avoir de la qualité. Ils sont modestes et discutables, et correspondent à nos propres méthodes de travail.

Un état de l'art des différents usages de la vidéo en formation a été traité dans le cadre de la Chaire Unesco "Travail enseignant au XXIe siècle". En effet, le travail avec la vidéo en formation pose de nombreuses questions, et la captation d'images dans les classes fait partie de celles qui méritent une grande attention pour ne pas avoir de résultats inverses à ceux espérés. 

Nous avons cherché à préciser nos méthodes de travail en fonction de nos principes d'action : 

  • recueillir des situations les plus "ordinaires" possible ;
  • chercher à comprendre les mobiles d'action des enseignants par des entretiens après la séance de classe.

C'est à partir de ce type de matériaux que nous essayons de comprendre les questions d'enseignement et d'apprentissage qui se jouent dans la classe, dans le but d'en faire des outils de formation utiles. En tout état de cause, une vidéo ou un entretien ne peuvent avoir d'utilité que par ce qu'en fera le formateur "en situation"... Et parfois les bonnes intentions ne suffisent pas...

A faire en amont

  • Faire signer des autorisations de captation à l'enseignant ainsi qu'aux parents des élèves.
  • Prévenir les élèves (et l’enseignant) que ce doit être une situation de travail ordinaire…

Quel matériel ?

Si une aide technique par un spécialiste est possible, d’autres solutions peuvent être trouvées que celles décrites ici. Attention cependant de troubler le moins possible l’ordre de la classe (pas de lumières supplémentaires, pas de perches, présence minimale d’adultes dans la classe…).

  • micro HF + enregistreurPréférer des caméras type grand public HD sur carte SD avec entrée audio extérieur pour micro auxiliaire type HF fixé en cravate sur l’enseignant.
  • Doubler si possible la prise de son avec un enregistreur numérique sur carte SD (deux sources audio possibles pour capter par exemple des échanges entre élèves ou du travail en petits groupes).
  • Un casque à brancher sur la caméra pour vérifier que l’audio passe bien (ce que vous entendez dans la classe avec vos oreilles n'est pas forcément ce qui est enregistré par la caméra...).

Avant le début de la séance

  • Vérifier qu’il y a de la place sur la carte SD (en fonction du temps à filmer et de la qualité d'enregistrement choisie).
  • Vérifier que les batteries de la caméra et des micros HF sont chargées, ou bien que la caméra peut être branchée sur secteur pour éviter la panne…

Comment filmer ?

Principes :

  • Ne pas couper l’enregistrement pendant toute la séquence pour ne pas rendre difficile d’éventuels montages son audio entre plusieurs sources et éviter de "perdre" des moments intéressants inattendus.
  • Si possible, pour gagner du temps ensuite, indexer sur un carnet les moments significatifs de la séance comme le ferait un script, à partir du temps. Par exemple :
    • 0:00 début de la séance
    • 2:41 début des passations de consigne
    • 6:30 entrée en tâche des élèves
    • 6:50 zoom sur un élève qui n’a pas son matériel
    • 7:30 interaction entre l’enseignant et l’élève du 3e rang qui ne comprend pas la consigne…

Dans la mesure où ce travail est délicat, il est peut-être souhaitable de s’adjoindre, si possible là encore, l’aide d’une autre personne dédiée à ce travail de prise de note précis qui aidera ensuite au dérushage).

  • Filmer le plus calmement possible.
  • Eviter les coups de zoom rapide. Même quand on a l’impression d’être «en retard » sur ce qui se passe en classe, prendre le temps de venir se recaler sur ce qu’on veut filmer sans précipitation
  • Pour la stabilité, selon ce qui est le plus facile pour l’opérateur on peut filmer :
    • au bras en tentant de faire corps le plus possible à la caméra (bloquer les coudes au début, respirer calmement, pivoter tout le corps dans les mouvements de caméra, faire des transitions lentes)
    • au pied (monopied plus facile à transporter, mais plus instable que le trépied).
  • Les prises de vues à deux caméras peuvent être des solutions, mais elles vont demander BEAUCOUP plus de travail pour le montage.
  • (si vous avez plusieurs enregistrements vidéo ou audio) Lancer simultanément les enregistrements caméra et enregistreur audio en début de la séquence filmée. Faire un « clap » en début de séance pour avoir un repère clair audible et bref sur les deux sources audio (si vous avez à synchroniser les deux sources).

Quoi filmer ?

La situation de classe est complexe à filmer. Ne pas hésiter à s’entrainer plusieurs fois « à blanc », aussi bien sur le maniement technique de la caméra/micro que sur le cadrage en classe. Faute de quoi le vidéaste débutant peut très bien être tellement occupé avec le fait de filmer qu’il perd le sens de la séance, et donc est moins pertinent sur les choix qu’il fait.

L’AUDIO

Le micro cravate renforce le son de la voix de l’enseignant (et des interactions à voix basse qu’il a avec certains élèves) aux dépens des échanges plus lointains dans la classe. Il faut donc faire des choix qui ont été préalablement testés dans des séances d’essai.

Selon ce qu’on cherche, et ce que permet la caméra, on peut avoir :

  • seulement le micro de la caméra qui amènera une qualité moyenne mais facile à saisir ;
  • le micro HF sur l’enseignant et la deuxième piste audio « classe » soit sur l’enregistreur soit sur une entrée audio si la caméra le permet ;
  • l’audio de la caméra plus l'enregistreur numérique à la main de l’enseignant pour permettre de capter ce qu’il veut nous faire entendre (un échange avec un élève, un groupe d’élèves…).

L’IMAGE

Filmer la classe, c’est alterner les prises de vue « larges » (fond de classe latéral) et les prises de vues plus rapprochées qui permettront au spectateur de voir le travail d’un élève (tracé au cahier), des échanges en petits groupes, une focale sur un élève particulier, une interaction « privée » entre l’enseignant.e et l’élève. Il est donc impératif que le vidéaste se concentre sur « ce qui se passe » pour anticiper ses choix (toujours discutables) et essayer de « coller » au sens de l’activité.

On essaiera donc, dans le but de « collecter » des informations les plus intéressantes possibles, de s’intéresser à :

  • l’activité de l’enseignant : ses paroles, sa position dans la classe, ses interactions avec les différents groupes d’élèves, les difficultés éventuelles qu’il semble rencontrer dans son travail, pour faire ce qu’il a prévu de faire ;
  • l’activité des élèves (manière de réaliser la tâche, paroles dans la classe, réponses à l’enseignant, questions, échanges entre eux, positions, activités périphériques, aides sollicitées, outils utilisés…) ; il est évidemment hors de question d’imaginer en capter la totalité ;
  • les supports de la classe (affichages, textes donnés aux élèves, manuels) qui pourront être filmés avant, pendant ou après la séance et être ensuite insérés dans d’éventuels montages.

Attention tout de même au phénomène "épileptique" et à l'effet “zapping” en voulant tout capter et que les plans ne soient ni stables ni exploitables. Il vaut mieux faire des choix et rater des choses par ailleurs que de rester 3 secondes sur un plan et d’en changer sans cesse.

schéma autoconf filmée

Conseils pour filmer les entretiens avec les enseignants

  • Prévoir si possible un ordinateur portable sur lequel les images de la vidéo de la séance filmée seront chargées à partir de la carte SD de la caméra.
  • Si possible connecter sur la prise VGA ou HDMI de l’ordinateur portable un second écran, face caméra, qui recopiera l’image que voit l’enseignant filmé.
  • Cadrer cet écran dans un coin inférieur de l’image filmée, de manière à ce que l’enseignant filmé apparaisse dans l’autre moitié.
  • Installer la personne qui conduit l’entretien le plus proche possible de la caméra, de manière à ce que la personne qui lui parle s’adresse presque à la caméra, tout en regardant son écran.
  • Attention au cadrage, mais aussi au fond. Essayer d’avoir un fond aussi neutre que possible, éviter les surfaces vitrées, masquer les fils.
  • Eviter de filmer à contre-jour.
  • Cadrer la personne filmée à hauteur de ses yeux pour éviter les phénomènes de plongée et contre-plongée qui ne mettent pas en valeur les personnes. Les cadreurs débutants ont tendance à beaucoup trop laisser d'espace au dessus de la tête des filmés...
  • Attention à l’environnement sonore et à la lumière (sonnerie de cours, bruits de récré, etc.)
  • Attention à tout ce qui pourrait créer un bruit parasite : bracelet/bague qui tape sur la table, micro place à côté d’un bijou, écharpe qui vient sur le micro…

Conseils pour réaliser l’entretien

Prévoir une heure trente minimum. L’intégralité de la séance de classe ne pourra pas de toute façon être visionnée. Encore une fois, nous ne prétendons pas que cette manière de faire soit la seule manière de faire un entretien...

  • Rassurer la personne qui va être filmée, la mettre à l’aise.
  • Si la personne a visualisé sa vidéo avant, lui demander les passages sur lesquels elle veut revenir, soit qu’ils lui posent question, soit qu’ils aient été l’occasion d’une réussite particulière.
  • Si la personne n’a pas regardé sa vidéo, lui proposer de revenir sur un moment de son choix, sur un moment de la séance qui l’a préoccupé (et se servir de l’indexation pour le retrouver vite) soit défiler la bande de manière linéaire depuis le début (risque plus grand).
  • Au cas où le vidéaste a identifié un moment « intéressant » (positif ou plus négatif) possibilité d’y consacrer un moment mais attention à ne pas basculer des préoccupations de l’interviewé à celles de l’intervieweur…
  • Concernant les questions à poser, privilégier les questions du style :
    • Que se passait-il pour toi ? quelles préoccupations avais-tu ? que cherchais-tu à faire ?
    • À quoi t’attendais-tu, à ce moment ?
    • Qu’est-ce qui t’a conduit à agir ainsi ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Comment savais tu que… ?
    • Qu’est-ce que tu prenais en compte dans cette situation ? à quoi t’intéressais-tu ? Qu’est-ce qui était important pour toi ?
    • Comment tu fais, là ? Qu’est-ce que tu dis, à ce moment ? A qui tu parles là ? A quoi prêtes-tu attention dans ce cas ? Comment tu vois la situation ? Qu’est-ce que ça te fait dire ? Qu’est-ce que tu ressens, là ? Comment tu te sens, à ce moment ? Comment tu le vis ?
    • Ça, tu le savais, ou tu le découvres là ? C’est nouveau, là, pour toi ?…
  • Laisser parler au maximum.
  • Opiner largement pour soutenir les mots de la personne.
  • Laisser finir les phrases et marquer un temps de pause après la phrase, ne pas chercher à couper ni rebondir trop vite.
  • En cas de silence, laisser le temps de la réflexion, ne pas chercher à meubler trop vite.
  • Marquer de l’intérêt, demander des précisions pour lever d’éventuels implicites, faire plutôt le naïf que celui qui a compris avant la fin de la phrase, éviter les connivences, renforcer le fait que c’est intéressant, qu’il faut entrer dans les détails si nécessaire.
  • En tout état de cause garantir à la personne qu'elle pourra disposer à sa guise de ses images et que rien ne pourra être diffusé ou utilisé sans son accord explicite.