Narramus : un outil pour apprendre à comprendre et à raconter
Nouveau : vous pouvez aussi consulter :
- ce témoignage de plusieurs formateurs/coordonnateur qui racontent leur expérience dans l'accompagnement de l'outil Narramus
- l'expérience d'une enseignante, Christine, avec Narramus racontée dans le détail sur son site "Objectif Maternelle" (nombreuses vidéos et exemples sur son blog
Conférence donnée à l'IFE lors d'une formation de formateurs, le 1er décembre 2017
Pour Sylvie Cèbe, Isabelle Roux-Baron et Roland Goigoux, proposer aux enseignants des outils conçus avec des pairs peut être une manière efficace de les former, sans attendre d'eux qu'ils aient le temps de concevoir eux-mêmes des outils.
Enseigner la compréhension doit être une priorité dès le cycle 1, parce que les compétences précoces en compréhension d'implicite sont d'excellents prédicteurs de la réussite scolaire. Les recherches sur ce sujet sont récentes (années 80) et unanimes : 20% d'élèves ont une difficulté à entrer dans la compréhension à la fin du cycle 2, contre seulement 4% en décodage. Ils sont souvent issus de milieux défavorisés, du fait de pratiques langagières différenciatrices, même s'il ne faut pas caricaturer les pratiques dans les milieux populaires, qui peuvent être très variées (tous les enfants entendent raconter des histoires...). Ces difficultés sont souvent peu visibles dans les évaluations.
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Proposer des outils aux enseignants : une certaine conception de la formation | 0:00 |
L'enseignement de la compréhension, une nécessité | 7:23 |
Tous les enfants naissent cablés pour parler et comprendre : les résultats de la recherche, les programmes | 30:38 |
Les cibles d'enseignement visées par les séances d'enseignement avec Narramus : le choix d'une approche intégrative | 56:30 |
Quatre objectifs pédagogiques poursuivis par Narramus (dont compétences narratives) | 1:08:30 |
Ritualiser les consignes et les tâches pour nourrir les progrès et le sentiment de compétence | 1:14:50 |
L'école maternelle accueille donc des élèves très différents, et il faut prendre au sérieux la difficulté pour les enseignants pour construire des compétences langagières qui vont permettre d'entrer dans l'écrit. "Parler autour d'albums" est fondamental pour construire la compréhension du monde. Mais acquérir et utiliser du vocabulaire n'est pas automatique : il faut apprendre à le mettre en mémoire, par une action pédagogique volontariste, systématique et incluse dans la pratique de classe. On pourrait faire la même chose à partir du lexique scientifique.
La littérature de jeunesse a cette spécificité de nourrir beaucoup d'implicite, contrairement aux dessins animés. Mais tous les enfants naissent cablés pour parler et comprendre le monde, quel que soit leur bagage. Ils ont donc les moyens d'une entrée pour tous dans la culture, pour peu qu'on ait avec eux les mêmes exigences que les familles les plus cultivées ont pour leurs enfants.
Narramus propose ce que demandent les programmes, en identifiant précisément les cibles d'apprentissage : apprendre à traiter l'information du texte en focalisant son attention sans la disperser, en dissociant texte-images, fabriquer un film dans sa tête, faire les apports lexicaux et grammaticaux nécessaires, mais aussi apprendre à sérier, à catégoriser, à inférer, à raconter, à relater une série d'événements. Le choix fait par Narramus est d'engager des "conversations scolaires" autour d'albums, dans une perspective intégrée, plutôt qu'en enseignant successivement les différentes compétences.
A cette fin, huit types de tâches et de consignes structurent les séances afin de stabiliser les formats d'enseignement et d'aider élèves et enseignants à préciser ce que chacun a à faire durant les différentes phases du travail, en inscrivant le travail dans la durée, condition indispensables pour que les élèves apprennent à faire ce qu'ils ne savent pas encore faire, développent le plaisir des progrès et du sentiment de compétence...
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Compétences lexicales et syntaxiques dans Narramus : synthèse des connaissances de la recherche | 0:00 |
Transposition des connaissances de la recherche dans les activités pédagogiques proposées | 7:04 |
Exemples de tâches lexicales et syntaxiques proposées dans Narramus | 15:40 |
Enseigner aussi le sens des verbes, le vocabulaire des émotions... | 22:43 |
Apprendre à mémoriser ce qui a été appris, grâce à l'explicitation et à la catégorisation | 27:25 |
L'impact des activités de rappel et de la mise en scène | 45:40 |
Pour que les élèves deviennent capables de réutiliser du vocabulaire, il est utile de le faire utiliser en contexte, mais aussi les intégrer dans un maximum d'activités, y compris gestuelles, multiplier les explications avant et après la lecture du texte, multiplier les illustrations et les associations d'idées. Si les enfants "apprennent" spontanément dix mots par jours, encore faut-il soigner la phase de compréhension en multipliant les liens entre le mot et les catégories sémantiques auxquelles il est relié.
Narramus propose de nombreuses tâches qui visent à ces apprentissages, sans oublier d'enseigner également le sens des verbes ou le vocabulaire qui permet de décrire les émotions. Du matériel spécifique peut être fabriqué à partir des ressources du DVD, qui peuvent nourrir des moments de jeux ou d'accueil auto-organisés.
D'autres tâches visent à favoriser la mise en mémoire des acquisitions, par l'explicitation de la mise en catégorie qui favorise l'encodage mémoriel. Les lectures, les racontages, les rappels de récit, les mises en scène favorisent également la réactivation des mots appris. Des extraits vidéos peuvent également être un moyen de vérifier la compréhension.
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Les compétences inférentielles, pour déduire ce que le texte ne dit pas | 0:00 |
Comprendre les bonnes raisons qu'ont les personnages de faire ce qu'ils font | 3:35 |
Compétences narratives en production : six bonnes raisons de développer la narration | 19:03 |
Exemples de tâches pour apprendre à raconter, dans Narramus | 23:05 |
Un outil renforcé par l'inventivité des enseignant.e.s | 30:20 |
Les compétences inférentielles peuvent être précoces si on les nourrit. Attribuer des "états mentaux" aux personnages de la littérature facilite la compréhension en permettant de "se mettre à la place" du personnage et comprendre les blancs du texte. Souvent les élèves qui comprennent mal ne comprennent pas les motivations des personnages, au-delà de ce qu'ils font, et ne comprennent pas l'écart entre ce que sait le lecteur et ce que savent les protagonistes du récit.
Concernant les compétences narratives en production, apprendre à raconter une histoire semble une compétence qui peut être considérablement développée. Elle finalise la tâche d'écoute, renforce l'intentionnalité de la mise en mémoire du lexique, facilité les apprentissages lexicaux, incite à expliciter les illustrations et prépare à un passage à l'écrit.
Dans Narramus, ces compétences peuvent être travaillées quand l'enseignant raconte, avec ou sans accessoires, quand ils réécoutent le CD de l'histoire, quand ils racontent sous le contrôle progressif des illustrations, ou en petits groupes avec la maquette, ou quand chacun s'entraine à son tour. Les reformulations en cascadent favorisent la mise en structure de l'histoire.
Les deux premières années d'expérimentation et de diffusion de l'outil montrent l'importance de la manière dont les enseignant.e.s organisent l'espace scolaire au service de ces apprentissages et fabriquent de nombreux outils complémentaires, au-delà de ce qui peut apparaitre comme contraignant dans la méthode.