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6èmes rencontres nationales du GFEN : "Pour que la maternelle fasse école".

Par cfrenet — publié 17/02/2014 16:20, Dernière modification 07/01/2022 14:02
Les 6èmes rencontres nationales du GFEN « Pour que la maternelle fasse école : du faire au comprendre, l’activité tremplin du développement » se sont déroulées le samedi 1er février 2014 à Paris. Compte-rendu des interventions d'Olivier Burger et Elizabeth Bautier.

En ouverture, le président Jacques Bernardin revient sur les points forts du rapport des IGEN sur l’école maternelle  qui  seront interrogés lors des travaux d’atelier.

Il insiste sur le devenir « élève» qui aurait initié à l’école maternelle une forme scolaire accentuée.

Devenir élève, Olivier Burger

La préparation des élèves à l’école n’est pas un problème en soi, cependant, c’est dès la maternelle que certains élèves se fourvoient quant à l’objet de travail leur permettant de construire leur rapport au monde et à l’école. Il ne s’agit pas seulement de la question de mise en conformité mais plus largement de l’épanouissement des enfants et du bénéfice réel pour chacun.

Il s’agit d’éviter que des élèves passent à côté des apprentissages et que  certains même, aient réalisé un parcours scolaire de la maternelle à l’université sans avoir éprouvé le rôle transformateur de l’école.

En effet, sans  cette transformation,  sans ce changement de regard sur le monde, en l’absence de l’apprentissage ensemble de ce qui n’est présent qu’à l’école, les élèves tirent peu de profit de ce qui s’y passe.

Devenir élève devrait être  vécu comme un changement de rapport au monde qui n’est plus uniquement objet ou occasion de sentir et d’agir mais également objet de savoir et de connaissance.

Cette expérience est nouvelle pour de nombreux enfants notamment ceux issus de milieux modestes. Elle se vit et s’enseigne.

Devenir élève c’est plus que vivre ensemble c’est aussi apprendre ensemble. Pourtant, le mode d’inscription dans la tâche est différencié  entre ceux qui sont à côté de l’activité, ceux qui réalisent la tâche, investiguent des sensations et enfin ceux qui organisent, rangent pour agir.

Cette évolution nécessite du temps et la capacité à ressaisir, c’est-à-dire passer du mobilisable aux mobilisés. C’est une autre procédure que le réinvestissement. C’est la possibilité d’utiliser ce que l’élève sait déjà  de la situation qu’il est en mesure de repérer :

  • Faire un choix,  repérer que ce qui est utile, ce qui va servir la situation d’apprentissage
  • Repérer ce qu’il y a à apprendre

C’est  par le  langage que cela se construit.

L’importance du langage, Elisabeth Bautier

Lorsque l’on interroge les enseignants de la maternelle sur les situations  d’apprentissage du langage, ils soulignent en général « qu’ils en font tout le temps ». Pourtant, la réalité des effets de cet enseignement  et les actions visant à améliorer les résultats des élèves sont très rarement repérés.

En effet,  il y a plus d’enfants scolarisés, dans une école « expressive » qui laisse une bonne place aux  valeurs d’autonomie et d’épanouissement et très investie pour  faire apprendre  notamment le langage. Pourtant, la dimension de construction de la pensée et de sa personne est peu présente dans ce qui est proposé.  Les enseignants sont rarement formés à analyser précisément ce qui est en jeu dans la question du langage.

Toutes les verbalisations ne se valent pas notamment entre ceux qui parlent de leur vécu et ceux qui l’interrogent : le langage construit la pensée plus qu’elle l’exprime.
L’élève doit également modifier son rapport au langage et percevoir les spécificités en milieu scolaire. Ce déplacement devrait être accompagné par les enseignants.

C’est bien différent de parler du poisson que de parler sur le poisson. « Aurait-on intérêt à parler de ce qui n’est pas proche du vécu ?  A quelles conditions, quels usages du langage permettent des acquis ? Par exemple, parler de Célestine, d’une souris, d’un rongeur ce n’est pas le même travail. C’est parler et penser au-delà de l’univers affectif. On a des émotions avec Célestine mais on n’apprend pas.»

Les apprentissages fondamentaux se font à l’école maternelle. Or, certains éléments du vocabulaire pour apprendre demeurent flous non explicites pour l’élève. Les mots justes comme classer, comparer, trier, sérier...sont rarement utilisés dans des situations renouvelées, récurrentes et systématisées. Le terme « Faire » par exemple, est  redondant dans nos échanges et  ne nous aide pas à construire des ressources langagières pour construire le sens scolaire.
Rien  n’est acquis, rien n’est évident.

Il s’agit de décontextualiser  pour éviter de  faire ici et maintenant.
C’est attirer l’attention des élèves sur ce qu’il y a à apprendre grâce à la langue.

En ce sens, l’écrit permet de se familiariser à ces termes, de mettre des mots sur ce qui est rarement présent ou implicite. Cependant, aujourd’hui,  les albums  de jeunesse sont  plutôt orientés vers les familles favorisées et sont souvent incompris par les enfants des milieux défavorisés car ils contiennent de nombreux implicites (sur ce sujet on peut voir également : vidéo de Véronique BOIRON sur le site du SNUIPP, Apprendre à comprendre la littérature de jeunesse à l’école maternelle : une question de développement et d’enseignement. Il faut être en mesure de déduire ce qui est transmis par la langue en termes  d’intentionnalité et d’états mentaux compris dans le discours… Le rapport au texte mérite lui aussi une transformation.