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12 jours de classe plus tard...

Par Patrick Picard publié 14/09/2014 12:05, Dernière modification 21/06/2024 10:51
Après le mot de Bienvenue publié sur le site du Centre Alain-Savary, une autre école, à l'autre bout de la France, poursuit l'histoire à sa façon. Vécu.

 

Nous t'avons accueillie du mieux que nous pouvions, dans le stress de nos rentrées à nous, avec nos difficultés (et oui nous en avons encore). On s'est voulu rassurantes, mais parfois désarmées quand tu nous as demandé : « et alors tu fais comment toi, pour tes ateliers...inscription libre ou des groupes » ; » et alors pour les coins-jeux tu limites ou pas », « et alors tu fais un regroupement entre les deux ateliers... »

Nous avons essayé de te transmettre au petit bonheur, au fil des réunions, mais aussi de tous ces petits moments informels qui font la vie dans l'école, les clés du fonctionnement de cette machine, qui doit te sembler une vraie usine à gaz : les salles et équipements communs, les réunions, le RASED, les commandes... (Ah, les commandes...)

On t'a souri, entre deux bousculades sur la cour (pas trop le temps de se causer, c'est la rentrée, c'est septembre, les règles de vie sur la cour, c'est coton, il faut veiller), on t'a juste demandé : « et alors ce matin, ça va ? ».

C'est dur, on le sait, non pas parce que tu débutes, parce que c'est dur pour tout le monde dans l'école en ce moment. Il y a des années plus ou moins difficiles, et la période n'est pas avare en difficultés sociales. Et c'est sans doute pas juste que tu aies atterri ici, dans ce contexte, si on nous avait demandé on aurait pu dire, mais c'était pas prévu, c'est comme ça.

C'est vrai, on a l'impression de ne pas faire grand chose de pédagogique (alors que si sûrement, mais on le voit peu), parce qu'on pose le cadre -et qu'il ne faut pas se lasser-, souvent on a l'impression qu'on ne fait que se fâcher.

C'est le métier réel du mois de septembre, dans notre école de zep, et c'est pas facile, faut pas le nier.

Ce midi, tu as pleuré toute seule dans ta classe. Alors ça, jamais, hein. Pleurer, tu peux, mais pas toute seule. On est toutes avec toi, là, dans le même bateau. On va chercher ensemble des solutions, vraiment.

C'est pas facile et c'est pas de ta faute.

La rentrée, pour nous, ce sont aussi de jolies retrouvailles avec les familles qu'on connaît, se réjouir des enfants qui grandissent, des naissances qui sont arrivées, les sourires chaleureux. Mais tu n'as pas encore tissé ce lien avec les familles, qui adoucit aussi parce que c'est aussi éprouver certaines détresses intimes, et ne plus savoir par quel bout prendre la difficulté...

C'est difficile, mais dans cette école, on ne reste pas tout seul avec ça. On est pas toujours sures de faire les bons choix, et on fait ce qu'on peut avec les moyens qu'on a et qui nous semblent bien dérisoires.

Mais viens, on se tient la main.