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À Bayonne, PDMQC questionne les équipes d'école, mais aussi la circonscription...

Par Patrick Picard publié 02/09/2016 17:40, Dernière modification 18/10/2016 09:47
Dans les Pyrénées-Atlantiques aussi, le dispositif départemental mis en oeuvre pour faire travailler ensemble les circonscriptions, les maitres+, les coordonnateurs transforme le regard des uns sur les autres et permet de mieux agir sur les apprentissages... des élèves.

bayonne

par Nathalie Fernandez, coordonnatrice Education Prioritaire, et Anne Christyn de Ribaucourt, conseillère pédagogique, circonscription de Bayonne.

Sur la circonscription de Bayonne, le dispositif PMQC concerne 15 écoles élémentaires et maternelles, pour 77 classes. Le groupe de M+ est constitué de 8 enseignants : anciens maîtres ZEP qui voient évoluer leurs modalités d’interventions, et enseignants nouvellement nommés.

Jusqu’alors, le travail d’accompagnement de la circonscription visait principalement les M+, qui avaient bénéficié l’année précédente de deux journées départementales de formation, ainsi que d’une journée de travail par période. Basée essentiellement sur le document « les 10 repères », la réflexion s’organisait autour des nouvelles contraintes qui accompagnaient le dispositif, à savoir : la co-intervention, les interventions massées et la nécessité de dégager des priorités dans les écoles.

Lors de ces temps de travail, plusieurs difficultés ont été évoquées par les maîtres + :

  • difficultés liées au saupoudrage des moyens.
  • difficultés pour les enseignants dans les classes d’accepter les enjeux liés à la co-intervention.
  • difficultés pour les équipes d’école d’intégrer le dispositif à la réflexion collective.
  • difficultés liées au manque de temps pour réfléchir ensemble à ces nouvelles modalités de travail.


Très vite, les M+ ont fait part de leurs difficultés à porter seuls le dispositif dans les écoles et ont souhaité un appui de l’équipe de circonscription.

A la rentrée 2015, l’équipe de circonscription se donne des priorités pour accompagner le dispositif :

  • La communication, la circulation des informations.
    • comment former tous les enseignants aux modalités de mise en œuvre du dispositif ? (besoin d’un appui institutionnel pour les M+) : co-intervention, identification des priorités dans l’école …
    • comment prendre connaissance de l’avancée de la mise en place du dispositif dans les écoles pour ajuster les temps de formation ?
  • L’optimisation des moyens dont nous disposons pour organiser l’accompagnement des équipes (trouver du temps pour s’extraire de la classe et réfléchir collectivement).

En parallèle, la coordonnatrice du réseau, récemment nommée sur le poste, cherche à repenser la cohérence entre partenariat, pratiques pédagogiques et réussite des élèves.

Des objectifs à la mise en œuvre : un accompagnement qui se construit au fur et à mesure du temps, en essayant de préciser les rôles de chacun, tout en restant à l’écoute des préoccupations du terrain

PauPMQC

En octobre, l’équipe de circonscription (IEN et conseillère pédagogique), la coordonnatrice, les maîtres surnuméraires et les maîtres formateurs participent à une journée départementale de formation, au cours de laquelle intervient le centre Alain-Savary. Nous découvrons lors de cette journée une démarche de formation :

  • qui part du réel
  • qui prend en compte les questions de métier et qui propose d’y travailler.
  • qui s’appuie sur les échanges et la réflexion collective pour permettre à chacun d’avancer. (« je suis plus intelligent à plusieurs »)

Lors de cette journée, le groupe présent s’est appuyé sur des documents proposés par le centre Alain Savary pour préciser les axes de travail de l’année :

A partir de ce moment, nous avons pensé l’organisation des temps de travail de l’année en essayant de faire vivre le collectif, d’identifier le rôle et la place de chacun, pour trouver de la cohérence et articuler les différents niveaux d’action : les enseignants dans les classes, les enseignants dans l’équipe d’école, les directeurs, les maîtres +, la coordonnatrice, les formateurs, l’IEN.

Le plan de formation pour l’année n’étant pas encore défini dans sa totalité, nous avons pu concevoir chaque temps de travail en fonction du précédent, prendre en compte les questions qui émergeaient des échanges pour réagir, et ajuster chaque temps de formation au plus près des besoins identifiés. (accompagnement du dispositif PMQC). Cela nous a demandé d’innover, de trouver de nouveaux formats de travail, pour exploiter au maximum les moyens et le temps dont nous disposions. La coordonnatrice a pris une nouvelle place dans l’accompagnement du dispositif, et peu à peu, se sont tissés de nouveaux liens entre coordination, formation, animation et partenariat. La complémentarité ainsi trouvée nous a permis de trouver la cohérence recherchée au service de la réussite des élèves.

Plusieurs étapes ont jalonné notre année :

1)    Animation pédagogique de 3 heures à destination de toutes les équipes d’école

Nous poursuivons un double objectif : rappeler le prescrit et permettre à chaque équipe de se questionner sur la mise en œuvre du dispositif dans son école. Les questions sont nombreuses et il faut pour chacune d’entre elle trouver des moyens pour intégrer le travail avec le maître + dans la réflexion collective. 

Nous avons utilisé à cet effet plusieurs outils :

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Enquête préliminaire, individuelle et anonyme (questionnaire à destination des enseignants) Recueillir des informations sur le réel.

Permet à chacun de se mettre individuellement en position d’observer.

Donne des infos aux formateurs.

Difficile de rédiger des questions simples.

Difficile de ne pas induire des réponses.

La réflexion en équipe d’école autour des nouvelles questions posées aux enseignants Donner un temps de réflexion collective

Permet de s’adapter aux différents niveaux d’avancement du dispositif.

Permet de faire avancer « toute l’équipe » et aux maîtres surnuméraires de prendre une place.

Redonne aux équipes du pouvoir sur leur métier.

Le document de synthèse donné à compléter aux équipes (document de travail par équipe d’école) Rédiger des priorités et des propositions.

Débattre autour des mots, c’est préciser des idées et rechercher le consensus.

Ecrire, c’est s’engager un peu.

Permet de présenter et d’échanger avec les autres équipes.

Un guide, c’est parfois aidant, mais c’est également limitant.

 

 

Observations :

Nous avons expérimenté la démarche du centre Alain Savary (prendre du recul pour observer le fonctionnement de l’équipe, mettre en évidence les obstacles, se donner des priorités, proposer des réponses et prendre le risque de s’y essayer…), et voici ce que nous  avons gagné grâce à cette dynamique :

  • un public attentif
  • un travail engagé pour toutes les équipes
  • des enseignants reconnus dans leurs capacités à faire évoluer le métier
  • des propositions authentiques
  • des retours positifs de la part des participants

Et pour les formateurs ?

  • des facilités pour naviguer entre les différentes modalités d’intervention : rappeler le prescrit, apporter des connaissances, susciter et nourrir les échanges, prendre en compte la réalité du terrain, mettre en valeur les initiatives, encourager la prise de risque.
  • l’ambition a fait un pas de côté : la focale n’est plus sur un « idéal attendu » mais sur le mouvement qui va s’opérer.
  • des besoins :
    • oser se « bricoler » des outils pour observer. C’est ce que nous allons faire toute l’année.
    • se constituer une banque d’outils utiles, afin de nourrir les échanges et étayer la réflexion

2) Création d’un groupe de suivi

Un groupe est créé dans la circonscription (IEN de circonscription, directeurs des écoles élémentaires et maternelles, 4 maîtres surnuméraires, 1 coordonnateur réseau, 2 PEMF, 1 conseiller pédagogique), qui a pour ambition de faire circuler l’information, d’aider à communiquer pour gagner en cohérence et en efficacité.

Le groupe s’est réuni deux fois dans l’année, il a permis d’échanger sur les réalités de terrain, d’informer sur les actions en cours et à venir, de rester au contact du réel pour ajuster les actions de formation.

Nous avons mesuré l’importance du rôle des directeurs pour mettre en œuvre le dispositif et impulser la réflexion collective dans les écoles. Ils nous ont fait part des obstacles qu’ils rencontraient : manque de disponibilité, conseils de maîtres surchargés, travail administratif envahissant…

Pour les associer plus étroitement au collectif, nous envisageons de leur proposer une demi-journée de travail plus tard dans l’année pour préparer la rentrée 2016, avec l’accompagnement du centre Alain Savary.

3)     Organisation d’un stage en « binômes »

La deuxième journée de formation départementale met en évidence l’importance de pouvoir identifier la nature des difficultés des élèves. Nous décidons collectivement d’observer les moyens mis en œuvre dans les classes, en nous appuyant sur le stage "binômes" du mois de mars : pour chaque journée, on organise la présence des maîtres surnuméraires en binôme avec un enseignant de leur école. Les binômes sont différents chaque jour, ce qui nous permet de toucher 35 enseignants en plus des maîtres surnuméraires. (stage en binômes)

Les objectifs :

  • donner du temps aux enseignants pour concevoir une séquence d’apprentissages et réfléchir aux modalités de travail à 2.
  • échanger sur les pratiques
  • observer de quelle manière sont prises en compte les difficultés des élèves pour dégager les priorités de travail avec le maître +. (une séquence d’apprentissages avec un maître surnuméraire)

Pour chaque journée, nous alternons : moments de travail en binômes, échanges sur l’avancée de la réflexion et partage d’outils.

Au cours du stage, la communication inter-écoles se construit : les enseignants échangent sur leurs pratiques de classe, le besoin d’aller « voir ailleurs comment on fait » se fait sentir. Nous proposons à chaque maitre chargé de classe de profiter de la présence du M+ dans sa classe pour se déplacer dans une autre classe ou école, et observer.

Il apparaît que le dispositif est massivement sollicité dans le domaine du LIRE/ECRIRE, les difficultés sont mieux repérées dans les classes par les enseignants, et se basent sur l’observation au quotidien. Nous observons collectivement les manques de précision de ces observations, le besoin d’outils plus précis, mais également des besoins en compléments didactiques pour les enseignants. Les premières demandes de formation didactique remontent donc. Les équipes formulent pour la plupart le besoin de cohérence au sein de leur école, tant au niveau des pratiques de classe que dans la conception des outils à destination des élèves. 

4)    Demi-journée de travail avec les directeurs et les M+

Pour anticiper sur la rentrée prochaine, nous libérons les directeurs et les maîtres+ pour une matinée de travail. Nous voulons réfléchir ensemble aux moyens à mettre en œuvre pour accompagner le travail engagé dans les écoles autour du dispositif. Notre objectif, en dégageant du temps, est d’associer étroitement les directeurs à la réflexion de l’équipe de circonscription, et ainsi renforcer le binôme « directeur/M+ », afin qu’il soit un axe solide et un appui pour la réflexion collective dans chaque école.

Si cette réunion n’a pas permis d’aboutir à un projet précis, elle a néanmoins occasionné des échanges très riches, au cours desquels sont évoqués les besoins des équipes : des outils pour repérer les difficultés des élèves, des échanges de « bonnes pratiques », et des temps de formation pour accompagner la mise en place d’outils et de pratiques communes au sein d’une école.

Nous constatons lors de ce temps de travail que la confiance s’installe un peu plus : les échanges sont nourris, les obstacles sont clairement énoncés, ainsi que la volonté de s’engager dans une réflexion sur les pratiques et le besoin de travailler ensemble pour trouver de la cohérence avec les élèves.

5)    L’avant-projet de réseau

 Simultanément, nous nous attelons à l’écriture du nouveau projet de réseau. Dans cet exercice, nous jouons la complémentarité entre conseillère pédagogique et coordonnatrice, et en nous appuyant sur la dynamique enclenchée par le dispositif PMQC, nous déclinons les six priorités du référentiel.

Chaque axe est décliné en fonction des observations que nous avons menées tout au long de l’année et des priorités affichées par les équipes, en précisant ce que cela implique pour le collectif : au niveau des élèves, pour les équipes d’école, et le collectif.

Nous constatons que le travail mené autour de la mise en place du dispositif nous a permis de faire de ce projet un véritable outil de travail, une feuille de route qui  prend en compte les problématiques de terrain, précise les rôles dans le collectif, et s’appuie sur la complémentarité de tous les acteurs. (voir le projet de réseau)

 

PMQDC : un dispositif qui questionne les équipes d’école, mais aussi le fonctionnement de l’équipe de circonscription

A l’heure du bilan, nous constatons les changements qui s’opèrent, et particulièrement au niveau de l’équipe de circonscription.

En puisant dans les ressources du Centre Alain Savary, nous avons pu expérimenter de nouvelles démarches de formation : observer le réel et identifier les questions liées au métier, susciter les échanges, soutenir l’existant plutôt que prescrire un idéal, en gardant toujours à l’esprit que « chacun a de bonnes raisons de faire ce qu’il fait ».

Ces quelques principes de base ont généré des changements.

Un collectif est apparu, les rôles de chacun se sont précisés et la communication s’est déplacée. Nous avons perdu en verticalité, pour développer les échanges à tous les niveaux.

Dans les formations, nous avons trouvé des facilités pour naviguer entre les différents niveaux d’intervention : rappeler le prescrit, apporter des connaissances, susciter et nourrir les échanges, prendre en compte la réalité du terrain, mettre en valeur les initiatives, encourager la prise de risque …

Dans les écoles, nous observons une mobilisation des équipes, une volonté de travailler ensemble, malgré  la complexité et les contraintes liées au dispositif. Les enseignants se sentent reconnus dans leur capacité à faire évoluer le métier. Si l’organisation du dispositif reste une préoccupation pour tous, les échanges sur les pratiques deviennent une priorité et nous recueillons des demandes précises de formation : observer d’autres pratiques dans d’autres classes, élaborer des outils communs pour observer les élèves, approfondir ses connaissances en didactique pour étayer la réflexion.

Toutes ces demandes ont été prises en compte lors de la rédaction du projet de réseau, et nous avons pu faire des propositions concrètes pour l’année à venir :

  • Organiser un forum pédagogique pour permettre la diffusion et la mutualisation des expériences de terrain.
  • Evaluer les élèves de CP en début d’année scolaire sur le « lire/écrire », pour permettre aux enseignants (cycles 1 et 2) d’anticiper les apprentissages à construire et réfléchir sur des pratiques de classe « utiles et efficaces ».
  • Proposer des animations pédagogiques spécifiques aux écoles qui le souhaitent, pour renforcer l’accompagnement didactique sur les priorités retenues par l’équipe.

Au travers de ces projets, nous voulons avant tout maintenir la mobilisation, mettre en valeur les initiatives et soutenir la prise de risques.

Il nous faudra innover, pour utiliser au mieux les moyens dont nous disposons et nous permettre de continuer à travailler ensemble, tout en tenant compte des nouveaux prescrits institutionnels et du temps nécessaire à leur appropriation.

D’autres défis se présentent à nous : installer cette dynamique dans un temps long, malgré les incertitudes liées à la pérennité du dispositif, et associer les écoles non pourvues d’un maître supplémentaire à la réflexion pédagogique engagée.

Le dispositif PMQC apparaît comme un levier efficace pour mobiliser tous les acteurs autour de la réussite des élèves, il nous a permis d’expérimenter des modalités de travail plus participatives et collaboratives. A nous maintenant de faire en sorte que cette dynamique diffuse et gagne le reste de la circonscription.