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Bilans d'étape et regards croisés des acteurs

Par Catherine Hurtig-Delattre publié 13/10/2023 09:40, Dernière modification 13/10/2023 09:37
Après deux années de réflexions en inter-métiers et d'actions concertées avec les parents d'élèves autour des questions de coéducation sur le territoire, les différents acteurs font le point sur ce que ce projet a apporté selon eux, et aussi sur ses limites.

BILANS D'ETAPE 

 

PREMIER TEMPS : Dans chaque école, avec les parents d'élèves

 

Un an après le premier diagnostic, les parents d'élèves élus ont été réunis à nouveau. Sur la base de la "marguerite", ils ont pu donner leurs regards sur l'évolution constatée. Ce nouveau dialogue entre parents et enseignants a incité chaque partie à comprendre :

  • ce qui a été réalisé :  quels coûts professionnels et quels effets du côté des enseignants, quelles perceptions du côté des parents ;
  • ce qui a été réalisé partiellement :  quels obstacles du côté des enseignants, quels souhaits du côté des parents ;
  • ce qui n'a pas été fait  :  quels freins du côté des enseignants, quelles nouvelles propositions du côté des parents.

                        bilan parents

                             bilan

Exemples de propositions réalisées :

  • trombinoscope avec toute l'équipe
  • réunions avec les parents élus

Exemple de proposition réalisée partiellement :

  • entretiens individuels systématiques (pas toutes les classes)

Exemples de propositions non réalisées :

  • rencontre avec le personnel du restaurant scolaire
  • plus de coordination avec le collège

 

DEUXIEME TEMPS :  en inter-métiers AU NIVEAU DU TERRITOIRE 

Le 1er juin 2022, des représentants de chaque groupe impliqué dans le projet ont été invités à prendre la parole pour exprimer ce que ce projet a apporté, ses limites, les obstacles rencontrés. Volontairement les groupes qui s'expriment le moins souvent ont eu la parole en premier :

  • au niveau des écoles : les parents d 'élèves, puis les ATSEM, puis les enseignants
  • au niveau du quartier : le collège, puis le centre social, puis la Ville d'Albertville.
  • au niveau de la coordination du projet : les directeurs, la conseillère départementale, l'IEN puis le chargé d'études de l'IFE.

Ci-dessous, des extraits du verbatim de cet échange invitent  :

  • à mesurer le chemin parcouru par les professionnels et les équipes,
  • à constater les différences de points de vue et de préoccupations, selon les places des différents partenaires du projet.


Du côté des parents et des professionnels des écoles 

 

Les parents d'élèves, les ATSEM et les enseignants des écoles ont été les "destinataires " du projet. Même si la démarche était bien de faire avec elles et eux et d'éviter de faire pour, il n'en reste pas moins que le projet n'a pas été conçu ni demandé par elles et eux.
Rappelons que c'est volontairement, lors de l'échange de bilan, que la parole leur a été donnée en premier, cherchant à inverser l'ordre habituel des prises de parole au sein de l'institution. 
A travers leurs témoignages de bilan d'étape, on voit que le bénéfice du projet est inégal selon leur catégorie :

  • Les parents d'élèves (au moins la frange engagée, représentée par les élus au conseil d 'école) se sont montrés très satisfaits du projet dans l'ensemble, qui leur a ouvert un véritable espace de dialogue et d'implication facilitée. Dans leur bilan, ils font preuve d'une grande reconnaissance du travail effectué, et également d'esprit critique pour aller encore plus loin : étendre la démarche aux équipes périscolaires, poursuivre le chemin qui les sépare eux-mêmes encore de certains parents de l'école.
  • Les ATSEM, en revanche, ont eu des difficultés pour percevoir le sens de leur implication dans ce projet. Leur témoignage montre un important passif de subordination et d'exclusion du travail d'équipe, et amène à réfléchir sur les conditions qui auraient été nécessaires pour mieux entendre leur voix. L'une d'entre elles, cependant, exprime l'intérêt qu'elle a trouvé en étant autorisée à mixer son expérience  professionnelle et son expérience de mère.
  • Les enseignants , enfin, témoignent de leur cheminement professionnel et de l'ouverture de nombreux questionnements. Les dispositifs mis en place sont amenés à être revisités : les devoirs à la maison, les rendez-vous individuels, la réunion de rentrée. On entend bien ici que le projet est loin d'être terminé au terme de la collaboration relatée.

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Parent 1
Je suis parent de deux enfants scolarisés en maternelle. Beaucoup de choses ont changé avec ce projet. La première chose qui est révolutionnaire, c'est l'ENT. Il y a trois ans, on fonctionnait avec le cahier rouge dans lequel on mettait des mots pour les enseignants, et on remplissait les billets d'absence. Aujourd’hui avec l’ENT on est sur une autre dimension : c’est un outil qui nous permet de dialoguer avec les enseignants de manière informelle ou plus directe, ça a vraiment changé la relation parents-élève-enseignant. Il y a aussi les blogs et les cahiers multimédia, qui amènent beaucoup de matière et qui permettent à tous les parents, même les moins impliqués, d'aller voir ce qui se passe dans la classe. On n'avait pas tout ça avant !
Le deuxième changement, c'est les entretiens individuels deux fois par an avec les enseignants. Si nos enfants n'ont pas de problème, on voit quand même l'enseignant et c'est vraiment bien, plutôt que d'attendre et d’être convoqué en cas de difficulté . C'est pour nous très positif de savoir ce qui se passe en classe, d'être dans l'échange et de dialoguer avec les enseignants.
Autres nouveauté : le trombinoscope qui a permis de voir les Atsem et toutes les personnes qui sont avec nos enfants dans la journée.
Enfin, iI y a eu l’implication des parents élus. Avant ce projet, les parents élus assistaient au conseil d'école, mais à part ça on ne se voyait pas. Ce projet nous a permis de donner notre point de vue, de créer des liens entre parents, d'aller plus loin dans la réflexion.
Le bilan est donc très positif. Maintenant, on aimerait inclure aussi l'équipe périscolaire et la mairie pour la cantine, etc. Est-ce que la coéducation doit se limiter aux enseignants ? Il y a aussi tout le reste, autour de l'école. Et comme on a apprécié ce travail, on aimerait aller plus loin !

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Parent 2

Je prends la parole pour l'autre école. Ce que je peux dire, c'est que chaque nouvel espace qui s'ouvre est intéressant pour les parents. Quand je suis arrivée ici, je me suis sentie parachutée dans une école énorme avec très peu d'interactions entre les parents. C'était difficile. Avec le corps enseignant, je trouve qu'il y a une très bonne information, une bonne communication. Mais je ne sais pas si les parents qui sont peu impliqués dans l'école ont accès à toutes ces informations. Je sais qu'il y a eu des nouvelles réalisations comme le trombinoscope, mais je continue à penser qu'il y a encore peu de communication entre les parents. Est-ce que c'est parce que c'est une grosse école ? Est-ce que c'est parce que je ne vais pas chercher, et qu'il y a d'autres personnes qui le ressentent autrement ? Je n'en sais rien. C'est quelque chose qui doit encore avancer. Ça bouge déjà.

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ATSEM1

A vrai dire, j’ai été un peu perturbée au début du projet, parce qu'en amont on n'a rien su. On avait l'impression que l'équipe enseignante dialoguait entre eux et je n'ai pas trouvé ma place, je n'ai pas su à quoi ça allait servir. Personnellement, par rapport à mon travail, je fais toujours pareil et je ne vois pas le bout du chemin. Par contre, j'ai compris beaucoup de problèmes en écoutant les autres, qu'on ne voit pas en maternelle. J'ai l'impression que les problèmes sont plus compliqués à l'élémentaire. Et puis, c'est le temps qui manque, avec nos institutrices et instituteurs, pour se parler le soir ou dans la journée. On travaille ensemble, on se dit "Ah oui, il faudrait qu'on parle de ça!" Mais tout compte fait, on ne prend jamais le temps. C'est très compliqué. Donc pour moi, ce travail c'est plutôt un point de départ. Je pense que je commence maintenant !

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ATSEM2

Je n’ai participé qu’à deux séances du projet, et moi aussi je me demandais ce qu'on faisait là. Et puis à la dernière séance on a vraiment parlé et c'est en tant que parent, que je m'y suis retrouvée, sur la question de l'aide aux devoirs. Je rencontre aussi des difficultés pour faire faire les devoirs à mes enfants, pour comprendre ce que les enseignants veulent... Quand on n'a pas les notions de base, c'est compliqué, ça crée beaucoup de tensions avec nos enfants. Voilà en quoi ce travail a été intéressant pour moi. ça m'a permis de déculpabiliser en me disant " il y a beaucoup de parents qui ont ces problèmes-là ». On a vu aussi que les instituteurs se posaient beaucoup de questions sur ce qu'il fallait demander aux parents : peut-être en demander un peu moins... Ça a été enrichissant pour moi, parce que les ATSEM ont peu d'occasions de comprendre les préoccupations des enseignants.

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Enseignant 1

J'ai retiré plusieurs choses de ce projet. D'abord autour des rendez-vous individuels et de la réunion de rentrée. Je les mettais déjà en place, mais ça m'a permis d'aller plus loin dans la réflexion, de me demander comment arriver à toucher un maximum de parents, en conciliant approches individuelle et collective. Ensuite sur la question des devoirs. J'ai pris conscience du décalage entre l'attente qu'on a en tant qu'enseignant et ce que peuvent donner les parents. On peut vite avoir ce discours "ils ne font pas faire les devoirs aux gamins, les cahiers ne sont jamais signés etc". En fait, on doit aussi prendre en compte que les parents ne sont pas désinvestis de la scolarité, mais que parfois ils ne sont pas là, ou ils n'ont pas le temps, ou même s'ils ont envie que ça se passe bien, ils n'ont pas forcément les moyens. Au final je me demande : est-ce que vraiment ce travail-là a sa place dans la famille ? Ou est-ce que l'aide aux devoirs doit être faite à l'école, ou en structure périscolaire ? Et puis il y a toute cette réflexion autour de ce qu'on attend de la famille dans l'apprentissage en général. Est-ce que tout l'apprentissage doit se faire à l'école ? Est-ce qu'il doit se faire aussi dans la famille ? Ce projet m’a ouvert à cette réflexion et on va poursuivre.

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Enseignante 2

J'ai beaucoup aimé quand on a construit la marguerite avec les parents, un temps très riche et constructif. On a pu confronter les différents points de vue et je me suis servie de ce photo-langage pour la réunion de rentrée de ma classe, pour inciter les parents à parler autour de « qu'est-ce que l'école maternelle pour vous ? » Les échanges ont été très riches, les parents ont beaucoup parlé, avec des interactions entre eux. J’avais un peu moins soif à la fin de la réunion, j’avais bien moins parlé !
Le temps de travail sur l'entretien avec les parents autour des devoirs m'a fait beaucoup réfléchir. Je me suis rendue compte que l’école a deux discours : on a notre jargon et on a l'impression que les parents nous comprennent, mais en fait il y a des incompréhensions, et si on n’en est pas conscient on a vite fait de mettre la faute sur eux. A propos de la réunion de rentrée, je pense qu’elle est nécessaire pour l'appartenance au groupe. Mais on doit aussi entendre le message individuel des parents : "Vous passez six heures par jour avec nos enfants, c’est important ! ». En maternelle, quand c'est la première année et qu’il faut lâcher son enfant, ils ont du mal. Donc, un entretien dès le début d'année serait bien aussi, ça peut permettre de bien démarrer.

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Enseignante 3

J'ai vécu les entretiens en APC avec les parents et ce temps d’échange a renforcé le partenariat car ces mamans m'ont apporté énormément de choses. J'avais préparé un truc assez vertical, mais mon collègue m'a arrêté et ça m'a permis de me remettre en question. Je pense que si j'avais gardé mon idée, je me serais dit : ça n'a pas marché, ça n'a rien apporté, mais finalement, il faut se demander pourquoi... Bon, je l'ai pas fait, parce qu'il a plus d'expérience, et le travail se fait en faisant. C'est ça le travail d'équipe ! Par la suite, on a fait des entretiens avec toutes les familles, avec ma collègue. On a explicité les codes de notation parce les parents reçoivent les évaluations mais c'est crypté, ils ne savent pas à quoi ça correspond.

 

Du côté d'autres instances du territoire
 

Ce projet a une forte dimension territoriale et on peut lire dans ces témoignages l'implication et les répercussions pour des acteurs "de deuxième ligne" mais pourtant bien présents :

  • Le  collège de secteur d'une des deux écoles, qui accueille les mêmes familles et avec qui la continuité est indispensable pour une politique co-éducative cohérente. L'équipe pédagogique a participé par un diagnostic collectif, puis la Conseillère Principale d'Education (CPE) a été présente  aux rencontres inter-métiers. Certes, le projet de départ était plus ambitieux, avec l'implication des deux collèges concernés sur le secteur et la possible mise en place de dispositifs nouveaux. Mais cette participation est une première étape, et le témoignage de la professionnelle impliquée montre tout son intérêt pour la démarche. A poursuivre.
  • Le centre socio-culturel, impliqué par le biais du dispositif CLAS (Contrat Local d'accompagnement à la scolarité) a également été représenté lors des rencontres inter-métiers, par son directeur et plusieurs animateurs. Au delà de la rencontre avec les familles, les professionnels ont là aussi témoigné de l'intérêt de se rencontrer et de mieux se connaître, pour une meilleure efficacité des dispositifs d'aide aux enfants-élèves.
  • Et enfin, la mairie d'Albertville, partenaire incontournable puisque signataire de la convention et sans qui le projet n'aurait pas vu le jour. Le témoignage d'un élu est ici précieux, puisqu'il n'est pas si courant de voir une direction de l'éducation travailler main dans la main avec la circonscription Éducation Nationale.

 

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Conseillère Principale d'Education (collège)

Le diagnostic nous a permis d'avoir une visibilité de ce qui se fait dans les écoles, dans les collèges et jusqu'au lycée. On a pu voir le développement de la relation école-parent et uniformiser nos pratiques dans le cadre de la liaison école-collège. On va dans le même sens et il est important de connaître ce qui se fait : le moment de l'accueil, les temps de rencontres individuelles ou les réunions collectives. Ce que je retiens, c'est qu'on fonctionne globalement pareil, mais on ne le sait pas parce qu'on communique trop peu. Les familles ont des outils qui vont s'ancrer dès le primaire, avec l'utilisation de l'ENT. Je ne suis pas enseignante, mais je ressens une vraie nécessité d’intégrer des enseignants du secondaire dans ce travail, notamment autour du travail personnel : il reste des décalages entre les attentes des enseignants du primaire et du secondaire sur ce sujet.

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Directeur centre socio-culturel 
On a été concernés au travers du dispositif CLAS (Contrat local d'accompagnement à la scolarité) qui s'adresse à un tout petit nombre de familles, en complément de la proposition plus générale de la Ville, avec l'aide aux devoirs. Pour le CLAS, on n'avait pas attendu le projet pour construire des partenariats avec les écoles, mais ce travail a permis de renforcer la relation et notamment le lien entre l'enfant, la famille et les enseignants. Nos animateurs ont expérimenté une rencontre individuelle en début d'année avec chaque famille pour expliquer le CLAS, les attendus, les objectifs et mieux connaître le profil de l’enfant et ses conditions de vie. Ça nécessite de l'énergie, du temps, des moyens, mais c’est efficace pour l'enfant et aussi pour l'intégration des parents : quelques uns sont venus aux activités du centre socioculturel. ça peut faire un effet boule de neige pour certains parents, même si ça reste encore très restreint. Notre action est en complémentarité de l'Education nationale, nous sommes un acteur supplémentaire pour accompagner les parents. Apprendre à être parent d'élève, ce n'est pas être parent tout court. Et ce n'est pas la même chose pour chacun : il faut s' ajuster aux besoins de chacun.

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Adjoint chargé de l'éducation Ville d'Albertville
 Ma prise de conscience a débuté en tant que parent, quand j'ai compris les peurs de beaucoup pour franchir la cour de récréation, discuter avec les enseignants... A la Ville, on a souhaité s'emparer de cette question , avec les associations de parents d'élèves et au-delà. Donc la proposition de partenariat était une aubaine. Nous avons été très heureux de travailler avec vous. Je vais revenir sur plusieurs points du bilan. D’abord, la question du périscolaire, dont le but n'est pas que de l'aide aux devoirs. L’objectif c’est allumer une petite étincelle chez un gamin, lui donner l'envie de faire du sport, des activités culturelles ou de découvrir des métiers. Deuxième point, l’implication des parents. Dans l’organisation du périscolaire, notre idée était d'impliquer les parents, de faire en sorte qu’ils viennent, pour accompagner des sorties par exemple. Nous souhaitons vraiment que le périscolaire soit aussi une porte d'entrée pour les parents dans l'école. Je vais revenir aussi sur les espaces numériques de travail : la question de l'appropriation par les familles est fondamentale. C'est à nous de proposer des séances de formation pour les parents qui en ont besoin. Le dernier point c'est le lien écoles-collèges qui reste un gros souci pour les parents. Même s'il y a des visites organisées pour le passage, beaucoup de parents sont complètement perdus. Il y a vraiment un travail à faire, on ne sait pas bien comment . On attend avec impatience vos suggestions ...

Du côté des pilotes du projet 

 

Finalement, la parole est donnée aux porteuses et porteurs du projet, qui eux aussi ont des points de vue divers, en fonction de leur place et leur statut.
- la directrice et le directeur des écoles concernées, qui ont des parcours et des anciennetés sur le territoire très différents et qui témoignent des répercussions du projet du côté des parents bien sûr, mais aussi du coté des équipes et des partenaires, et qui partagent ici les questions qui restent à approfondir ;
- la conseillère pédagogique départementale, cheville ouvrière de la coordination du projet, qui comme elle dit a oeuvré sur "la face cachée de l'iceberg" ;
- l'inspectrice de circonscription, qui a facilité le projet par son pilotage et veille par la suite à son essaimage ;
- un des deux chargés d'études Ifé, qui a accompagné le projet et qui insiste sur la rare dimension inter-métiers et inter-institutionnelle de ce travail. Dans son témoignage, il revient également sur la démarche de formation propre au Centre Alain Savary.

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Directrice école 1
J'ai commencé dans cette école il y a plus de huit ans. Ce projet m'a permis d'avoir un regard sur la globalité du parcours des élèves et des parents. Le premier point, c’est l’accueil dès l'inscription en petite section. Accueillir les parents, c’est leur donner confiance, leur dire qu'ils peuvent venir quand ils veulent nous parler, même si eux-mêmes ont vécu une école différente. Et puis, le partenariat. Maintenant, je connais mieux le centre socioculturel, la médiathèque etc J'ai pu dialoguer avec eux, et je relaie toutes leurs infos auprès des parents, je les encourage à y aller. C'est notre rôle aussi, en tant que directeur d'école. Enfin, la prise de conscience des conditions de vie des familles. Notre centre ville s'est paupérisé depuis quelques années. Avec les familles dont les conditions de vie sont très précaires, améliorer la communication est déjà un premier levier.

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Directeur
 école 2
J'étais nouvel arrivant sur l'école, et ce projet a été un réel élément de pilotage de l'équipe enseignante. Il a créé de la cohésion au sein de l'équipe : aujourd’hui, on est sur la même longueur d'onde sur notre façon de gérer les relations avec les parents, parce qu’on y a réfléchi ensemble. Et je suis persuadé que s'il y a de bonnes relations avec les parents, l'élève vient avec plaisir à l'école. Il ne faut pas oublier qu'on est là pour discuter des relations entre adultes, mais au centre, c'est l'élève ! Et puis, tout ce travail donne du sens à ce qu'on fait, puisqu'on est parti de nos besoins, collectivement. On revient sur les difficultés, on cherche à comprendre, à écouter . Construire avec les idées des parents a aussi été déterminant et motivant. Je me suis beaucoup impliqué pour la mise en place de l'ENT en expliquant à chacun individuellement comment faire, et ça a été efficace. Je vais parler aussi des obstacles. D’abord, la question de l’implication des ATSEM, qui n’a pas été facile. On manque de temps commun pour être cohérents et travailler ensemble. Avec le périscolaire aussi, nous devrons améliorer ce lien. On a fait le trombinoscope avec toute l'équipe, c'est un premier pas. Le collège aussi, c'est une vraie difficulté. Malgré les propositions, on ne travaille pas ensemble pour le moment. Et enfin, comment aller toucher les parents qui sont les plus éloignés, qui restent malgré tout encore loin de l'école ? La question reste.

DSDEN
Conseillère Pédagogique Départementale

Le travail que j'ai conduit, c'est la face cachée de l'iceberg. Au départ, on est tous d'accord sur la préoccupation pour l'enfant, son bien-être et ses apprentissages et pour cela la relation avec les parents est primordiale. On en parlait déjà il y a vingt ans ! Mais aujourd’hui la situation sociale évolue, l'actualité la fait évoluer encore et nous questionne. Devant le constat que certains parents restent loin de l’école, alors que beaucoup d'enseignants font beaucoup pour les rapprocher, j'ai pensé qu'il y avait besoin de se questionner, de travailler ensemble sur cette thématique. Mon travail est à la croisée des chemins : mettre en synergie les acteurs. Il y a plusieurs points qui ont facilité la réussite du projet. L’accompagnement de l’Ifé qui a permis un regard expert extérieur. Un autre point primordial, c'est la confiance et la connaissance des équipes et la relation avec la ville d'Albertville. Ce que je peux espérer c'est la continuité de ce travail. Allez-y, continuez ! Je reste persuadée que l'importance de nos métiers est là aussi. Vous avez démontré la richesse de la rencontre en inter-métiers et avec les parents. Entendre cette parole des parents, qui a autant d'importance que celle des enseignants, des ATSEM ou celle du centre social. Ce projet a permis ça et c'est formidable.

circo
Inspectrice de l'Education Nationale 
 J’ai découvert la qualité du travail et les actions menées au quotidien dans les écoles, ce qui a permis à l'équipe de circonscription de réfléchir sur l'implication des parents. Donner la parole aux parents et leur permettre de donner leur avis sur cette relation, leur demander "Qu'est ce que vous souhaitez?" c’est vraiment très intéressant. J'ai demandé aux deux directeurs de diffuser ce message lors de réunions de directeurs pour que cette réflexion puisse servir à d'autres et que l'on continue à semer des petites graines un peu partout.

 

CAS
Chargé d'études IFE

Je vais témoigner de ma place de formateur. Tout d’abord, la dimension inter-métiers : accompagner une telle formation c'est quelque chose de très rare. Nous avons pu ici réunir de l'inter-catégoriel aussi de l'inter-institutions. On voit que c’est très riche, et pas si facile que ça. Dans ce projet il y a eu un pilotage fort, un engagement de tous sur une préoccupation commune. Et en même temps la recherche de réponses aux préoccupations de chacun, selon sa place et de son statut. Ensuite, la modalité de formation. Nous n'avons pas pris un rôle de formateurs qui préconisent ce qui doit être fait. Notre démarche a été de chercher à comprendre quels étaient vos besoins, à partir du diagnostic de la situation. Puis nous sommes allés voir ce qui se passe dans des situations de travail que vous avez choisies. Nous avons proposé d’analyser ensemble ces situations et c'est à partir de là qu'on a pu réfléchir ensemble. On vous a apporté des points de vue de la recherche, ce qui permet de prendre de la hauteur sur des problématiques, pour pouvoir ensuite travailler ensemble à des pistes d'action et d'amélioration. Ce n’est pas une démarche de préconisations, mais de formation à la prise de recul. Et dernière chose : vous avez des matériaux et une expérience. On a enregistré des entretiens, vous avez expérimenté cette démarche de travail à partir des traces du réel et d’analyse collective pour élaborer ensemble des pistes d'action. Ce serait vraiment dommage d'en rester là. Je pense que ça serait intéressant de le déployer au niveau de la formation .

 Merci à Katrien Nijs pour les illustrations de cette page.

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