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Comment être exigeant en restant à la portée des élèves et développer l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes ?

Par skus — publié 27/09/2013 14:00, Dernière modification 14/04/2016 11:31
Le maintien des exigences à l’école et tout particulièrement pour les élèves issus des milieux populaires constitue un puissant levier de progrès scolaire reconnu surtout depuis la publication du rapport sur « Les déterminants de la réussite scolaire en ZEP ». Christine Moisan et Jacky Simon pointaient déjà en 1997 les inégalités persistantes et les résultats préoccupants des élèves et proposaient dans ce rapport, de recentrer les politiques éducatives sur les apprentissages fondamentaux et sur les missions de l’école en abandonnant les actions périphériques sans finalité éducative claire.

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Depuis, les travaux de nombreux chercheurs vont dans le même sens. Ainsi Jean-Yves Rochex, Stéphane Bonnery et Séverine Kakpo, analysent comment, face aux difficultés persistantes des élèves et dans un climat de classe parfois difficile, les pratiques professionnelles tendent à privilégier la réalisation de tâches au détriment des activités cognitives primordiales dans le développement des apprentissages. Ce glissement s’effectue subrepticement avec le souci légitime de l’enseignant d’impliquer et de mobiliser les élèves dans le déroulement des cours. Malgré cette volonté affichée de faire progresser tous les élèves, les résultats restent décevants notamment dans les établissements en Éducation prioritaire du second degré particulièrement  en français et mathématiques. En juillet 2013 c’est ce que l’évaluation de la politique d’Éducation prioritaire réalisée par le Ministère de l’Éducation nationale a mis une fois de plus en évidence.

Des stratégies d’actions basées sur des exigences explicites

Dans ce contexte les travaux du sociologue Robert Ballion reprennent force et vigueur. S’appuyant sur une enquête menée sur un échantillon de 25 établissements en crise, il a mis en évidence l’éventail des stratégies d’actions susceptibles de faire progresser les élèves. Il analyse comment, en s’appuyant sur l’exigence scolaire, l’exigence disciplinaire et la volonté de socialisation, une politique efficace peut être menée dans la classe et dans l’établissement.

L’exigence scolaire

Placer les élèves dans des situations d’apprentissage précises permet de resituer « le scolaire » au centre des préoccupations de tous les acteurs, professionnels, parents et élèves avant tout. Par exemple, en planifiant des progressions communes au sein d’une discipline ou en organisant des examens blancs ou encore en encourageant les progrès accomplis par des messages personnalisés adressés aux enfants et à leurs parents. Maintenir un niveau d’exigence scolaire élevé c’est aussi proposer aux élèves des situations-problèmes ou des défis stimulants afin de dégager les enjeux cognitifs sous-jacents aux activités présentées.

L’exigence disciplinaire

Cela suppose de poser clairement le cadre de travail et d’allier fermeté et bienveillance dans l’application des règles édictées. On peut ainsi expliciter les règles, mais il est tout aussi nécessaire de traiter les problèmes d’incivilité ou de décrochage le plus rapidement possible entre professionnels d’abord pour ensuite les aborder avec les élèves. Il s’agit d’organiser un réel dialogue avec une capacité d’écoute réciproque. Le sentiment de justice scolaire  est une notion difficile à prendre en compte  dans l’action et pourtant au cœur des enjeux de la gestion des conflits, lorsqu’ils se présentent. Par ailleurs le respect de la loi s’accompagne également de principes éthiques permettant la prise en compte des contextes spécifiques, des individualités et des trajectoires personnelles.

La volonté de socialisation

Les élèves peuvent s’approprier ces règles d’autant plus facilement qu’elles s’inscrivent dans un système de relations basées sur le respect de chacun et le bien-être de tous. Bien-être recherché collectivement aussi bien dans l’accueil des élèves dans l’établissement par exemple que dans leur accompagnement scolaire et éducatif. Un climat scolaire serein favorise alors la motivation à apprendre, la confiance mutuelle et in fine contribue à la réussite scolaire des élèves.

En dosant ces exigences et en les menant conjointement, Robert Ballion montre que les équipes éducatives expérimentent une approche à géométrie variable de la réussite scolaire tant dans la classe que dans l’établissement. On entendra par « réussite scolaire » les progrès que les élèves peuvent réaliser, progrès qui contribuent alors à développer l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes.

11 paramètres à mettre en système, une clé pour la réussite ?

L’équipe Théodile d’Yves Reuter identifie plusieurs paramètres qui lui semblent contribuer à faire réussir des élèves :

  • solidarité des enseignants, concertation maternelle-élémentaire
  • construction collective de règle de fonctionnement, respect scrupuleux de la part des élèves et des maîtres
  • information précise des parents, souci de leur implication
  • accent mis sur la coopération et l’entraide, reconnaissance du sujet-élève
  • importance accordée à la notion de travail, à sa conscientisation, à la valorisation des efforts de chacun
  • articulation entre production et attitude réflexive
  • diversité des catégories d’activité face aux savoirs
  • établissement d’un climat propice aux apprentissages (sérénité, droit à l’erreur, droit à l’aide)
  • recherche de clarté cognitive quant aux cadres, règles, tâches, objectifs…
  • place importante attribuée au temps pour s’ajuster au cheminement de chacun
  • construction d’une culture commune, inscription dans une histoire scolaire, capacité de mesurer l’évolution des progrès…

Pour aller plus loin :

  • Moisan C., Simon J. (1997), Les déterminants de la réussite scolaire en ZEP, Paris, Ministère de l’Éducation nationale
  • Rochex J-Y., Crinon J. (dir.) (2011), La construction des inégalités scolaires. Au cœur des pratiques et des dispositifs d’enseignement, Rennes, PUR
  • Bonnery S. (2007), Comprendre l’échec scolaire. Elèves en difficulté et dispositifs pédagogiques, Paris, La dispute
  • Kakpo S., Netter J. (2013), L’aide aux devoirs. Dispositif de lutte contre l’échec scolaire ou caisse de résonnance des difficultés non résolues au sein de la classe, Lyon, Revue française de pédagogie
  • Ballion R. (1993), Le lycée, une cité à construire, Paris, Hachette Education
  • Café Pédagogique, Des écoles Freinet sur la loupe de l'Université