« Littérature y es- tu ? Les gestes de lecture de l’enseignant de maternelle », conférence d'Yves Soulé salon du livre de Montreuil
Dans un contexte de refondation de l’Ecole, il interroge la place de la littérature en Maternelle et les exigences de cet acte pédagogique qui dépasse la « simple » lecture puisqu’elle est l’occasion de :
- Construire une première culture des textes
- Proposer une lecture résolument littéraire
- Offrir le plaisir d’une découverte partagée
- Permettre des activités langagières autonomes ou intégrées
- Travailler de manière approfondie sur les processus de compréhension
Durant son exposé, Y. SOULE fait émerger les possibles, ceux de la littérature elle-même, des pratiques pédagogiques et des acquis des élèves.
Qu’est-ce qu’un texte littéraire ?
C’est un événement de langage, un art de la signification qui fait évènement mais qui demande une interaction réflexive qui suscitent des évocations et des réactions différentes. Les sujets sont parfois difficiles et agitent des peurs ancestrales. Les textes peuvent être complexes et constitués des défis[1] pour des enseignants qui doivent concilier et faire vivre différentes logiques de travail car même adaptée à une tranche d’âge, la littérature à l’école est attachée à plusieurs conceptions :
- Institutionnelle
- Patrimoniale
- Culturelle
- Technique
- Esthétique
- Ethique
- Humaniste
- Identitaire
Comment favoriser d’autres façons de lire, dire et penser ?
Enseignement incident ou programmé, les postures et modalités de lectures[2] que pourrait investir l’enseignant impliquent des gestes professionnels qui se construisent et se structurent au travers d’une démarche attentive et réflexive à la fois à l’œuvre et aux réactions de l’élève. C’est aussi la nécessaire ouverture au monde des textes quelles que soient les pratiques familiales, afin de construire un univers de références, celui de la classe. A ce titre, le conférencier ne manque pas de rappeler l’importance de la formation initiale et continue des enseignants.
Qu’apporte la littérature aux jeunes élèves ?
Dans cet autre rapport à la littérature, chaque élève rend compte de manière étonnante et parfois problématique pour l’enseignant de ce qui est en construction :
- des pensées anecdotiques et des digressions qui sont des pivots de socialisation,
- une pensée dialogique qui le pousse à prendre la parole, qui le fait parler,
- une pensée analogique lorsqu’il repère des ressemblances, ce qui fait écho à ses références personnelles,
- une pensée logique que l’anticipation et la projection l’amènent à construire notamment dans des procédures d’auto- contrôle,
- une pensée créatrice lorsqu’il fabrique du sens, qu’il éprouve le plaisir de lire en racontant, reformulant.
Y. SOULE ne néglige donc pas les obstacles qui surgissent autour d’autres logiques : de formation (tensions didactiques entre langue, littérature et lecture), de métier (niveau d’engagement et d’implication), de moyens et d’organisation des apprentissages (continuité et cohérence des exigences entre la GS et le CP).
La question la plus importante étant bien, de maintenir une relation vivante au texte.
[1] Christian BRUEL « L’heure des parents » évoque les différentes déclinaisons existantes de « papa et maman »
[2] A. LAFONTAINE, S. TERWAGNE, S.VANHULLE, Les cercles de lecture Interagir pour développer ensemble des compétences de lecteur. Outils pour enseigner, De Boeck ; C. TAUVERON, Lire la littérature à l’école - Pourquoi et comment conduire cet apprentissage spécifique ? - De la GS au CM, Hatier 2002.