Assises : concertation du Réseau de Réussite Scolaire Colette de Saint-Priest (Rhône)
Après un café convivial d’accueil des participants, la principale et l’IEN de circonscription du 1er degré introduisent en plénière le cadre et l’organisation matérielle de cette consultation. Ils insistent sur la nécessaire mise à distance des éléments du diagnostic proposés par le MEN, présentés par le coordonnateur du réseau et déjà transmis en amont aux enseignants.
Cette présentation fait émerger des points saillants du rapport qui sont par moment mis en résonance avec le contexte local. Les données sur l’évaluation des élèves et la question des moyens font réagir la salle, qui adopte une position plutôt critique. Cependant, on remarque que l’analyse sans concession par le MEN du pilotage de l’EP marque une rupture évidente avec les diagnostics antérieurs et contribue à introduire favorablement les propositions et préconisations qui seraient des leviers aux effets significatifs sur l’efficacité de l’éducation prioritaire. C’est du reste, sur l’analyse de ces leviers que débutent les travaux en ateliers, après qu’un enseignant ait interpellé la Principale et l’IEN sur le circuit de communication des travaux des ateliers. « Pourra-t-on consulter les synthèses des travaux ce soir, avant qu’elles soient transmises aux autorités académiques ? Qui les transmettra ? Les professeurs seront-ils associés ? » La Principale fait savoir que ces synthèses seront consultables par tous les enseignants avant d’être envoyées à l’académie.
Dans ce réseau, l’équipe de pilotage a choisi une répartition en six ateliers permettant la réflexion autour d’une question présélectionnée par l’encadrement pour chacun des thèmes proposés par le MEN. Les ateliers sont constitués de professeurs des écoles, d’enseignants et de divers personnels du collège, ainsi que de partenaires de l’action éducative sur le territoire du réseau. Ils vont permettre aux enseignants de s’exprimer en croisant leur expérience personnelle et les éléments du rapport.
Dans les ateliers, la réflexion s’engage de manière hétérogène mobilisant des savoirs construits dans l’expérience ou en articulation avec des apports de la recherche. Certains animateurs exploitent les textes proposés par le centre Alain Savary. Les échanges sont riches, dépassant les constats allant jusqu’aux propositions concrètes.
La question des moyens et la prise en charge des besoins spécifiques des élèves demeurent au cœur des préoccupations et mobilisent les acteurs
Quelques extraits des ateliers auxquels nous avons pu assister
Thème 1 : Comment rester exigeant en restant à la portée des élèves et développer l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes ?
L’animateur note qu’ailleurs, en Finlande par exemple, la question du travail collaboratif est plus prégnante, que le besoin d’évaluer est moindre, qu’il s’agit plus d’accompagner que d’évaluer.
« La vision de l’enfant en France, la manière d’enseigner, la formation des enseignants ne peuvent être comparées avec d’autres pays. ». Les échanges s’engagent sur la nécessité d’une prise en compte globale des performances de l’élève ce qui nécessiterait plus de transversalité, alors que la question de la notation demeure difficile à traiter. Des propositions sont alors formulées :
- Construire une évaluation plus sur les progrès que sur les manques de l’élève (récompenser le travail). Avoir le temps d’expliquer la note.
- Réduire le nombre de professeurs de collège pour les 6èmes afin qu’ils passent plus de temps avec les élèves et éviter les ruptures de rythmes.
- Dans le cadre de la refonte des programmes : en même temps que les objectifs définir les compétences et renforcer le travail par cycle.
- Dans le cadre de liaison CM2-6ème faire intervenir des enseignants du primaire au collège. Les aménagements devraient être laissés au choix des enseignants au sein du réseau.
« Il convient de distinguer "ambition" et "réussite" précise-t-on. Il y a des exigences institutionnelles à écarter car elles sont trop éloignées de la "vraie vie" mais cela ne nous empêche pas d’avoir des ambitions pour nos élèves. »
« Le regard des pairs est parfois plus violent que celui des enseignants et cela nuit à l’estime de soi. »
« On va voir ce que font les collègues dans leurs classes avec nos élèves. On peut ainsi porter un regard différent sur des élèves en difficulté dans notre discipline mais en réussite dans une autre. » « Et les élèves "voient qu’on les voit" en réussite. »
« Respecter les élèves, c’est être ambitieux pour eux. »
« Ne pas laisser tomber l’écrit au prétexte de développer l’oral. On est dans une culture de l’écrit. »
« A la maternelle, on a décidé de ne plus utiliser les couleurs orange et rouge qui signifient que les travaux des petits ne sont pas bons. On met juste du vert quand ça va et rien autrement. Les évaluations sont parfois violentes pour les enfants. »
Thème 5 : Quel usage des moyens vous parait devoir être privilégié dans votre cas pour permettre en particulier de développer les perspectives pédagogiques et éducatives identifiées dans la partie 1 ?
« La question du plus d’enseignants ou plus de classes devrait être envisagée en fonction des équipes au regard des besoins, en fonction du profil des élèves. En EP il y a d’autres besoins qu’enseigner, surtout au collège. Moins enseigner et plus aider les élèves dans toutes les matières notamment au collège… »
Dans le second degré, l’enseignant ferait 16 heures de cours plus 2 heures de remédiation.
« Il y a plus d’élèves en difficulté au fil du temps or, certains moyens ont été ôtés »
L’aide aux devoirs est prioritaire : « Voir s’il a mieux compris au lieu de faire travailler sur des objets qu’il ne maîtrise pas »
« Il faut aussi aider les parents afin qu’ils deviennent des partenaires parce qu’ils n’ont pas les moyens pour répondre à nos attentes ! »
« On a besoin de temps de respiration et d’échanges entre enseignants. Du temps aussi pour des formations communes à destination des enseignants de la maternelle au collège. »
« Les prescriptions sont trop normatives. Il n’y a pas d’outillage cognitif ».
« Il faut redonner des moyens aux Classes A Projets Artistiques et Culturelles (CAPAC). Une sortie culturelle, ce n’est pas du temps perdu, c’est aussi de l’enseignement »
« Les associations d’éducation populaire ont coulé, faute de moyens ; ce sont pourtant des partenaires de choix pour la formation et pour les apprentissages des élèves. »
« L’accompagnement des néo-titulaires est indispensable durant les premières années d’intervention dans les établissements et les classes. »