Développer la formation des personnels enseignants et non enseignants autour des pratiques pédagogiques efficaces : quelles articulations avec la recherche ?
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La recherche en psychologie du travail montre que le bien-faire est indissociable du bien-être et que les professionnels sont épanouis et performants lorsqu’ils se reconnaissent dans le travail qu’ils produisent. Or, ce travail étant essentiellement collectif, la condition première du développement de l’efficacité des personnels résiderait dans la reprise en main de leur métier[1] (voire de leur inter-métier en ce qui concerne le travail partenarial[2]), par la redéfinition collective des critères du travail bien fait[3]. C’est à cette condition seule que la vitalité du métier, qui contient en germe toutes les conditions de l’efficacité de son exercice, peut être entretenue et que les personnels peuvent se situer dans des dispositions de développement de leur travail. Encore faut-il institutionnaliser et outiller ces espaces et ces temps de travail sur le travail, non pas comme un nouveau type de “réunion” chronophage et improductif, mais comme un véritable instrument d’efficacité professionnelle collective et individuelle.
Dans ce cadre, certaines modalités de recherche-intervention constituent des initiatives porteuses lorsqu’elles participent d’un enrichissement mutuel entre les terrains de la pratique, de la recherche et de la formation. Des centres de ressources peuvent co-construire les objets et les méthodes de travail collaboratif au fil d’accompagnements sur le long terme sur les lieux de travail, dont les résultats font progresser les connaissances sur leurs métiers et sont réinvestis en contenus de formation à destination des enseignants, coordonnateurs, pilotes, formateurs et autres personnels. Le recours de plus en plus fréquent à l’analyse de l’activité réelle des professionnels couplée à une analyse de la nature des difficultés d’apprentissage des élèves nourrie par les approches didactiques, aide à concevoir des outils et des situations susceptibles d’alimenter de nouveaux compromis professionnels qui satisfassent à la fois des critères d’efficacité externe (relatifs à la réussite des élèves) et interne (relatifs à leur bien-être au travail).
Sans doute faudrait-il réaffirmer la nécessité pour la recherche de se préoccuper et de répondre à la demande sociale non pas de façon surplombante, voire hermétique, et par une diffusion descendante des savoirs, mais par infusion et interpénétration des terrains de la pratique, de la recherche et de la formation[8]. A ce titre, le renforcement de la recherche en éducation, mais également de centres de ressources susceptibles de développer de véritables accompagnements articulant métiers, formation et recherches semble indispensable.
[1] Pour un exemple, voir le chapitre 5 (pages 43 à 48) du rapport du séminaire Questions vives du partenariat, Centre Alain-Savary, 2013
[2] Expression empruntée à Yves Clot. Voir par exemple son intervention Soigner le travail : pour sortir du désordre actuel des organisations au 6ème rencontres des Pilotes de Processus, 2010
[3] Dezutter, Olivier. (2013). Quelle actualité pour la recherche en éducation et en formation?, Conférence invitée au congrès AREF 2013, 28 août 2013, compte-rendu en ligne du Centre Alain-Savary