GLOSSAIRE
Les nouvelles, contes, romans, albums… sont des textes de fiction ayant pour particularité de présenter un récit, fondé sur les aventures d’un personnage, qui peut se dérouler dans un univers très différent du nôtre. La lecture du récit de fiction possède ses propres règles. Si l’école accorde une grande place à l’apprentissage de la lecture, celui du récit de fiction nécessite également d'être l’objet d’une attention particulière.
L’hypothèse de la recherche LIRE est que le texte fictionnel peut être mieux compris par ses lecteurs si l’enseignant accorde suffisamment d’importance à l’implicite. En effet, la compréhension de l’élève s’élabore grâce aux inférences, qui portent sur le contenu explicite mais également sur l’implicite (notamment sous-entendus, présupposés, métaphores, ironie), lorsqu’il lit les aventures d’un personnage mises en intrigue dans le récit.
En lien avec l’intrigue, le récit peut ne pas tout dire à son lecteur, créer de fausses pistes ou le tromper momentanément pour créer du suspense, de la curiosité ou des effets de surprise (voir intrigue). Les implicites sont donc fondamentaux dans le récit fictionnel. Quelle forme peuvent-ils prendre ? Liés au statut particulier du discours littéraire fictionnel, qui distingue l’histoire (concernant les personnages) de la narration (relative à l’instance qui raconte), les implicites sont :
- Au niveau de l’histoire : les intentions des personnages, états mentaux, mobiles d’action, indications données par les détails et les descriptions …
- Au niveau de la narration : présupposés, sous-entendus, métaphores, ellipses, jeu avec le point de vue, ironie…
Le rappel de récit d’élève peut être un moyen de s’assurer de la compréhension qu’il a du récit qu’il a lu ou entendu.
Album
Un album, en littérature de jeunesse, désigne une œuvre où les illustrations participent de l’œuvre au même titre que le texte. l’album, en tant que support, décentre un peu la question de l’implicite puisqu’il peut concerner le rapport texte-image – et plus seulement le texte.
Compréhension
La compréhension en lecture est le processus par lequel le lecteur élabore une représentation cohérente de la situation évoquée. Une bonne compréhension nécessite que plusieurs conditions soient réunies : effectuer des inférences aussi bien entre les différents éléments du texte qu’entre le texte et les connaissances du monde. C’est à cette condition que le lecteur pourra se représenter avec justesse l’univers évoqué, les actions des personnages, leurs mobiles, et in fine élaborer sur l’intrigue en faisant des hypothèses. Bien entendu, dans ce processus de compréhension, la mémorisation des informations importantes – et donc le tri avec celles qui le sont moins – est essentielle
Ellipse
Dans un récit, dont la lecture est forcément linéaire, une ellipse est le blanc entre deux moments qui ne se succèdent pas chronologiquement. Un moment plus ou moins long de l’histoire racontée est donc passé sous silence : soit qu’il soit sans intérêt, soit par stratégie
Explicite
Le contenu explicite d'un énoncé dans un échange courant, ou d'un texte c'est ce sur quoi porte explicitement l'échange ou le passage du texte. Par exemple, si je dis "le roi de France est chauve.", je veux dire explicitement qu'il n'a plus de cheveux.
Fiction (texte de)
La fiction est un produit de l’imagination. En classe, la plupart des histoires lues par les enseignants sont des fictions littéraires : albums, nouvelles, romans, qui peuvent être plus ou moins imaginaires. A noter que dans ce cadre, le texte fictionnel s’oppose par exemple au texte documentaire, qui décrit la réalité.
Sous-entendu
Les sous-entendus dans les échanges concernent tout ce qui n’est pas dit de façon explicite. Certains sous-entendus dépendent d’un contexte conversationnel bien précis, et ne sont pas transposables à un autre échange, comme par exemple dans l’énoncé « il est 9h » qui peut aussi bien signifier, en fonction du contexte, « je suis en avance » que « je suis en retard ». D’autres sous-entendus peuvent être déclenchés par un terme, comme par exemple « même » dans cet énoncé (emprunté à Moeschler 2018 : 4) : « même Jean aime Marie » dans laquelle le locuteur sous-entend que 1- Jean est très difficile et 2- tout le monde aime Marie.
Genre
En littérature, un genre est une grande catégorie de textes, qui se définit généralement par des caractéristiques formelles et/ou thématiques spécifiques : roman, poésie, théâtre, essai ; le genre de la prose narrative fictionnelle se catégorise lui-même en sous- genres : conte (merveilleux), fantastique, science-fiction, policier, réaliste...
Incomplétude
Un texte ne peut pas tout dire, ni des personnages ni des événements : seuls les éléments intéressants dans le cadre de l’intrigue y trouvent place. C’est ce que l’on appelle l’incomplétude du texte. Les descriptions comme les récits d’événements ou les dialogues sont incomplets. Le lecteur l’accepte par convention ; et même plus : il se sert des éléments donnés par le texte pour faire des hypothèses sur ce qu’il devrait comprendre, à la manière d’indices semés par le texte.
Dans l’exemple suivant : « Il portait une veste rouge et des chaussures vertes », le lecteur n’infère nullement que le personnage est nu par ailleurs ; mais les indications sur ces vêtements fonctionnent peut-être comme un indice du caractère peu conformiste du personnage
Implicite
L’implicite consiste à « dire, sans avoir dit » (Ducrot). Dans un texte ou un échange, tous les éléments qui ne constituent pas l’enjeu de l’échange sont implicites ; soit par calcul (pour argumenter, par exemple), soit parce qu’on ne peut pas tout dire. Dans l’exemple « le roi de France est chauve », le contenu implicite est le suivant : il y a un roi en France.
Inférence
En lecture, une inférence est une opération mentale qui consiste à élaborer une information qui n’est pas contenue dans le texte en mettant en relation un élément du texte avec ses propres connaissances.
Intrigue (mise en)
Si le personnage peut être considéré comme l’élément de base du récit, c’est pour l’intrigue que nous lisons (Baroni, 2017, p. 14). Pour Baroni, l’intrigue a une fonction : « établissement, maintien et résolution d’une tension dans la lecture, dont dépend l’intérêt du récit ». Les travaux de Baroni (2007, notamment) ont largement contribué à mieux connaître et apprécier la notion d’intrigue, en lien évidemment avec l’univers du récit. Même si l’intrigue a été considérée longtemps dévalorisée car considérée comme l’apanage des mauvais romans et notamment des récits de genre : science-fiction, polar, fantasy, elle est aujourd'hui réhabilitée, dans la mesure où l’intrigue structure les récits et leur donne leur intérêt. Selon Baroni, l’intrigue repose sur la curiosité (le lecteur veut connaître des faits qu’il sait ignorer) ; le suspense (lorsque le lecteur attend une réponse qui est retardée) ; la surprise (lorsqu’il se produit un événement inattendu).
Ironie
L’ironie est une forme d’implicite relevant de la catégorie des implicatures : son repérage dépend du contexte et non de marqueurs lexicaux. Dans le texte littéraire, l’ironie peut avoir un enjeu comique basé sur la distance avec ce qui est dit.
Métaphore
La métaphore est une figure d’analogie qui consiste à désigner une chose ou une personne par un autre terme avec une ressemblance. En tant qu’image, elle possède un contenu implicite dans la mesure où son emploi ne renvoie pas à un sens littéral. En général, dans le langage courant, les métaphores sont suffisamment convenues pour être facilement comprises. Ainsi, dire de quelqu'un qu’il est un ours signifie que cette personne manque d’amabilité.
Personnage
Le personnage est la clé de voûte du récit : il n’existe pas de récit sans personnage. Il est une construction du texte : son nom, ses actions, ce qu’il dit ou pense, tout cela est construit par le texte pour permettre au lecteur l’illusion référentielle qui lui permettra d’entrer dans l’histoire. Le personnage n’est pas une personne, même si le lecteur le considère comme tel.
Point de vue
Dans le récit, le point de vue correspond à l’angle sous lequel ce récit est raconté. Pour Rabatel, contrairement à Genette, le point de vue ne peut ressortir qu’à deux instances : le narrateur ou le personnage. Chacun d’eux peut avoir une vision plus ou moins limitée. Les changements de point de vue peuvent ne pas être signalés et concourir à la mise en intrigue.
Présupposé
Les présupposés ont pour particularité d’être « attaché(s) à la lettre même de l’énoncé » (Beyssade 2017 : 29) : soit en tant qu’éléments lexicaux, comme par exemple le sens porté par le verbe « cesser » dans la phrase « Pierre a cessé de fumer », qui présuppose qu’il fumait auparavant ; soit qu’ils se nichent dans la partie de l’énoncé qui ne constitue pas l’élément d’information de premier plan, comme par exemple dans la phrase « la fermeture de la poste est définitive », dans laquelle l’information de premier plan porte sur la durée de la fermeture de la poste en présupposant, en arrière-plan, qu’elle est effectivement fermée.
Rappel de récit
Selon Mireille Brigaudiot (2000), le rappel de récit est "une activité langagière qui consiste pour un enfant à dire, avec ses mots à lui, à l’oral, ce qu’il a compris d’une histoire qui lui a été lue ». Les modalités de mise en oeuvre et les finalités peuvent être pluriels (Bishop et al., 2017) :
- Le rappel de récit contribue à évaluer la mémorisation et la compréhension d'un élève
- Le rappel de récit est un objet d'enseignement ( apprendre à raconter). Les compétences narratives, lexicales et de mémorisation du récit sont ainsi entraînées chez les élèves.
- Le rappel de récit , sous la forme d'une restitution collective, est un dispositif d'enseignement mobilisé pour élaborer collectivement le sens d'un texte.
Brigaudiot, M. (2000). Apprentissages progressifs de l’écrit à l’école maternelle. Paris : Hachette éducation. p 125
Marie-France Bishop, Véronique Boiron, Annette Schmehl-Postaï and Carine Royer, “Comprendre des histoires en cours préparatoire : l’exemple du « rappel de récit accompagné »”, Repères 55 | 2017. URL: http://journals.openedition.org/reperes/1157; DOI: https://doi.org/10.4000/reperes.1157
Recherche Lire
L’objectif de la recherche LIRE (Lire l’Implicite dans les Récits à l’Ecole) est de cerner la notion d’implicite et de saisir son rôle dans la lecture des textes littéraires. LIRE a pour ambition de répondre à la question : comment aider les élèves à identifier et à interpréter les implicites dans le texte littéraire pour mieux lire ?
La recherche LIRE se développe selon trois axes :
- définir et décrire les implicites à l’œuvre dans les textes lus en classe ;
- développer les stratégies des élèves confrontés à l’implicite des textes et les stratégies d’accompagnement des enseignants en situation de classe ;
- élaborer des ressources pour les formateurs d’enseignants sous la forme d’un outil pour accompagner la lecture professionnelle et d’une banque de ressource.
Récit
Le terme récit renvoie, en usage ordinaire, à une séquence ordonnée présentant des événements, qu’ils soient réels ou imaginaires. Ou plutôt, les représentant, au sens strict : re-présentant. Car le récit est avant tout la représentation d’événements qui se sont, ou qui sont censés s’être déjà produits.
En contexte littéraire, un récit est davantage qu’une re-représentation d’événements car il est également un genre à part entière. Est donc reconnu comme faisant partie du genre récit toute œuvre dont l’enjeu est de raconter une histoire.
Univers
L’univers de la fiction est le type de monde dans lequel se déroule l’histoire racontée. Par exemple, un conte de fées se déroule la plupart du temps dans un univers de type médiéval, où l’usage de la magie ne surprend personne. Certains univers de fiction présentent des animaux anthropomorphisés qui parlent et agissent en fonction de leur race (le loup est cruel, le renard rusé, le chat fourbe, le chien fidèle, etc.). D’autres univers ont les caractéristiques du monde du réel.