Les actions mises en œuvre
APC "aide aux devoirs"
Depuis septembre 2013, tous les enseignants de l'école élémentaire sont tenus de proposer des "aides pédagogiques complémentaires", sur leur temps de service mais en dehors des heures de classe, afin de proposer un soutien en petits groupes aux élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages et/ou une aide au travail personnel. A l'école Plaine de Conflans, les enseignants ont décidé de proposer des séances d'APC conjointement aux élèves et à leurs parents, afin de mieux comprendre les difficultés des parents et de leur proposer des aides méthodologiques.
Une séance proposée par deux enseignants à deux mères d'élèves, en présence de leurs enfants, a été enregistrée. On trouvera un extrait de cet enregistrement audio, sa transcription écrite ainsi que des témoignages et analyses des acteurs concernés, d'une chercheuse, d'une chargée d'études Ifé dans la partie "zoom sur un dispositif"
réunionS avec les parents élus
Après chaque conseil d'école, la directrice de l'école Pargoud a décidé de réunir les parents élus avec des représentants des enseignants et des ATSEM, afin de revoir avec eux les différents thèmes abordés, de vérifier s'ils ont bien compris les enjeux, d'expliquer si nécessaire les implicites, de mettre en place concrètement les actions qui ont été votées. Ce dispositif vise à réduire l'écart entre la culture professionnelle et les cultures parentales et à favoriser l'implication des parents élus. Une réunion a été enregistrée afin d'être analysée par la directrice et par l'équipe. Ce jour-là, la question est posée de "comment faire entrer dans l'école les parents les plus éloignés ?" Certains parents ont évoqué leurs propres difficultés à l'arrivée dans l'école, du fait de sa grande taille. Tous réaffirment l'importance de certains dispositifs d'ouverture, mis en place avant la pandémie : fête de l'école, classes ouvertes. L'équipe décide de remettre ces dispositifs en chantier.
entretiens individuels
Dans chacune des deux écoles, quelques enseignants proposaient des entretiens individuels de début et de fin d'année à l'ensemble des parents de leurs classes. Ces entretiens, avant les enjeux de transmission des évaluations scolaires, ont pour objectif de tisser la confiance et la réciprocité "à parité d'estime". Les enseignants y proposent aux familles de communiquer les éléments de leur vie qui leur semblent nécessaires pour un meilleur accompagnement scolaire de leur enfant et répondent aux attentes et aux questions en s'adaptant à chaque famille. Au cours des temps d'échanges inter-métiers, ces enseignants avaient témoigné des effets bénéfiques pour l'enfant, qui sent ce lien de confiance mutuelle, pour les parents qui se sentent plus légitimes à venir à l'école, et pour le professionnel qui peut différencier plus efficacement son approche de ses élèves. Lors du diagnostic de territoire, ces aspects positifs ont été relevés, tant par les enseignants que par les parents élus qui ont insisté sur leur importance et leur impact. Cependant ce dispositif reste coûteux pour les enseignants, car il demande une disponibilité importante en début d'année, et une certaine assurance professionnelle pour entrer dans une démarche d'entretiens dont on ne peut pas prévoir précisément le contenu. A la fin du processus collectif, un grand nombre d' enseignants a décidé de se lancer dans cette pratique, lui permettant de devenir une "culture d'école".
Pour aller plus loin : un article publié sur le site sur "entretiens individuels parents-enseignants"
coordination avec le centre social ( dispositif CLAS : accompagnement à la scolarité)
Lors de l'étape de diagnostic, une difficulté avait été constatée autour de ce dispositif externalisant l'aide aux devoirs pour un petit nombre d'enfants ciblés "en difficulté " par les enseignants. Ceux-ci constataient qu'une fois le ciblage effectué , ils ne savaient pas vraiment comment se passait l'accompagnement. De leur côté les animateurs constataient le peu d'investissement de certaines familles, qui restaient à distance et étaient ressenties comme "démissionnaires" ou "consuméristes", ainsi que le peu de lien avec les enseignants, au-delà du ciblage de départ.
Il a été décidé de mettre en place :
- des entretiens individuels au centre social avec chaque famille concernée, afin de mieux cerner la problématique de l'enfant telle qu'elle est vue par sa famille, de connaître les conditions de vie et de travail à la maison et de "contractualiser" un suivi par la famille (accompagner l'enfant-élève, prendre contact avec l'animateur etc)
- un suivi entre l'école et le centre social en cours d'année selon les besoins, par exemple en invitant les animateurs du centre social en cas de réunion d'équipe éducative à l'école, ou en informant les parents des activités du centre social (ex sorties familles)
- un bilan en fin d'année , tripartite école-centre social-famille, avec participation active de l'enfant-élève concerné.
Au cours du bilan d'étape, l'équipe du centre social a constaté que ce renforcement des liens avec l'école et autour des enfants a permis de réduire (sans la résoudre totalement) la distance avec quelques familles, qui restaient à l'écart des propositions de lien social et d'ouverture culturelle au sein du territoire.
Environnement numérique de travail (ENT)
Les deux équipes se sont emparées de cet outil numérique, mis en place de manière accélérée pendant le confinement. Afin qu'il soit opérationnel sans reproduire de fracture sociale, le directeur et la directrice de chaque école ont déployé plusieurs stratégies : réunions collectives, démonstrations individuelles d'utilisation sur smartphone -parfois au portail de l'école-, sollicitation de personnes ressources du quartier pour traduire, collaboration avec le centre socio-culturel (mission numérique), appui sur les compétences des enfants-élèves. Ces démarches ont nécessité détermination et patience, parce que chaque parent a des contraintes, des connaissances et des usages du numériques différentes et que la distance entre l'explication et l'appropriation est parfois longue. Cependant les équipes enseignantes ont témoigné de l'efficacité de ce travail pour réduire la distance entre l'école et les familles, la quasi totalité des familles ayant pu s'emparer de cet outil numérique.
"trombinoscope" du personnel
C'était un des éléments issu du diagnostic des parents d'élèves : "On ne connait pas tous les adultes qui s'occupent de nos enfants. Parfois on connait des visages, mais pas les noms, ou pas les fonctions ". La constitution d'un trombinoscope incluant les ATSEM, les AESH, les équipes périscolaires ainsi que les personnels de restauration et son affichage à l'entrée de l'école est une action simple mais dont les professionnels ont pu attester qu'elle était forte en conséquences. D'après elles, cet outil a constitué un point de repère efficace pour toute personne arrivant à l'école : élèves, parents, professionnels, stagiaires. A condition de l'actualiser régulièrement, les directeurs ont constaté que ce panneau est fréquemment consulté par les différentes personnes qui fréquentent l'école, adultes et enfants. Au-delà de cette efficacité opérationnelle, les directeurs ont également insisté sur la portée de reconnaissance symbolique des personnels concernés et de leur rôle co-éducatif, perceptible dans leur attachement à ce simple panneau. Et enfin par ricochet, cet outil installe -nous disent-ils- cette reconnaissance auprès des élèves et des parents d'élèves.
forum de rentrée
Autre élément issu du diagnostic : le manque de connaissance / reconnaissance entre partenaires éducatifs du territoire. Les parents d'élèves n'ont pas facilement accès à toutes les informations, et les professionnels n'ont pas suffisamment de connaissances concrètes pour aiguiller les parents en cas de besoin. L'organisation d'un forum avec l'ensemble des partenaires scolaires, périscolaires et extra-scolaires au moment de la rentrée scolaire vise à mutualiser les informations, gagner en lisibilité pour tous et générer symboliquement la communauté co-éducative de territoire.
Dans une des deux écoles du projet, ce forum a été organisé le jour même de la rentrée des classes.
Avantages : tous les parents accompagnent leur enfant ce jour là à l'école, ils sont donc déjà sur place et voient les partenaires, même s'ils n'osent pas toujours s'approcher des stands. D'autre part le problème de la garderie des enfants ne se pose pas...
Inconvénients : tous les contacts doivent être pris avant le départ en vacances d'été, pour être opérationnels à la rentrée. D'autre part les enseignant-es et les ATSEM, pris dans leurs classes , ne peuvent pas être présent-es sur la forum.
Dans l'autre école, le forum a eu lieu un soir du mois de septembre.
AUTRES PISTES
D'autres pistes ont été ou vont encore être explorées suite à ce projet :
- classes ouvertes aux parents d'élèves, afin de rendre plus explicite les contenus d'apprentissages et les méthodes pédagogiques et de recueillir leurs questions et étonnements ;
- projet d'éducation musicale incluant les parents, en partenariat avec l'école de musique d'Albertville ;
- visite de la médiathèque et incitation à la fréquentation pour les enfants en première scolarisation (carte d'inscription offerte à tous et accompagnements ) ;
- renforcement de l'implication des ATSEM et des équipes périscolaires, notamment par leur possible participation aux réunions d'équipes éducatives concernant les enfants-élèves à besoins particuliers ;
- approfondissement du lien écoles-collèges et aménagement du passage de CM2 à 6ème pour une meilleure cohérence éducative.
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