Ce que nous apprend une immersion auprès de mères immigrées de quartier populaire
riban | |
Introduction | 00:00 |
Rencontres sur le terrain et méthodologie de l'enquête | 04:29 |
Quelques enseignements de la recherche | 17:21 |
L'euphémisation des difficultés | 22:59 |
Les oscillations face à l'institution | 31:34 |
Introduction
Après avoir présenté le contexte de la présentation de son travail, la chercheuse explicite ses questionnements. Dans le cadre de sa thèse, elle a cherché à répondre aux questions suivantes: Pourquoi l’école sollicite-t-elle les parents ? Pour aborder ces questionnements, elle s'appuie sur un double socle issu de travaux sociologiques : d’une part l’existence d’un différend entre l’école et les parents de milieu populaire (voir les travaux de Pierre Périer) d’autre part la réalité de l’ethnicisation des rapports sociaux (Françoise Lorcerie).
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RENCONTRES SUR LE TERRAIN ET Méthodologie de l'enquête
La chercheuse explicite qui elle a rencontré sur son terrain d'enquête :
Pour chaque catégorie, elle décrit les étapes qui ont été nécessaires pour faire connaissance et pour établir un lien de confiance. En ce qui concerne les professionnels, elle a dû dépasser une certaine réticence et offrir un espace de dialogue propice. En ce qui concerne les mères, cela lui a demandé un engagement personnel qui est décrit dans ses finalités et ses fonctionnements. Pour elle, " créer le lien, c’est déjà enquêter ".
Au cours de sa description, elle évoque ses cadres théoriques. Elle se réfère à plusieurs notions et concepts issus de la sociologie et de l'anthropologie, qui étayent sa démarche : configuration ( N. Elias) stigmatisation (E. Goffman) vulnérabilité (F. Giuliani) domination (C.Grignon et JC Passeron) don et contre-don (M. Mauss) savoirs expérientiels (M. Foucault). |
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QUELQUES ENSEIGNEMENTS DE LA RECHERCHE
Chloé Riban présente d'abord quelques conclusions générales de sa recherche. Elle fera ensuite un focus sur deux résultats saillants.
Du côté des professionnel.les, ses observations montrent :
- des attentes fortes, ancrées dans la figure d’un « parent idéal », qui génèrent des interrogations et une vision déficitaire, avec une recherche d’explication ethnicisante, mêlant confusément des facteurs socio-économiques et des facteurs culturels ;
- des projets de coéducation qui visent à une acculturation scolaire normalisatrice.
Du côté des mères, elle observe :
- un quotidien centré sur l'attention aux autres (notion de care, concept englobant la capacité à prendre soin d'autrui, les postures et les actions conduisant à ce but ), avec de fortes préoccupations pour les proches et de nombreuses vulnérabilités entremêlées ;
- des conditions de vie précaires qui organisent un rapport au temps et à l’espace en décalage avec les conceptions scolaires ;
- de grandes attentes liées à l’école et un grand postulat de confiance ;
- de nombreux obstacles à la relation avec le système scolaire, matériels et symboliques.
L'euphémisation des difficultés
L’analyse des entretiens de part et d’autre permet de comprendre un phénomène récurrent :
- du côté des enseignant·e·s : la chercheuse met en avant la minimisation fréquente des difficultés de l’élève, par souci de le valoriser et de ménager les parents. Elle remarque également une tendance à positiver et simplifier les dispositifs d’aide externalisée ou d’orientation, pour les rendre acceptables.
- du côté des mères, cette euphémisation crée des malentendus : elles s’approprient les éléments positifs pour se rassurer et ne comprennent pas les dispositifs d’aide complexes, ce qui explique la fréquence des rejets des propositions et des sentiments d’injustice.
les oscillations vis a vis de l'institution
La chercheuse observe également la coexistence fréquente de plusieurs attitudes de ces mères, apparemment contradictoires : les postures de distance avec l’école coexistent avec d’autres attitudes d’engagement et d’implication forte. Ces oscillations déroutent souvent les professionnel·le·s. Du côté des mères, elles correspondent à l’alternance de sentiments de confiance et de sentiments d’injustice ou d’incompréhension. La chercheuse propose donc une trame de compréhension de ces logiques pendulaires. Elle les met en lien avec le quotidien des mères et avec leur passé, dans leur aspiration à être de bonnes mères et dans des modalités très diverses -pas toujours visibles- de leurs engagements vis-à-vis de l'école.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Gojard,S. (2010). Le métier de mère. Paris, la Dispute.
Payet,J.-P., Laforgue,D., & Giuliani,F. (2008). La voix des acteurs faibles : De l'indignité à la reconnaissance. Rennes, PUR
Périer, P. (2005). École et familles populaires : Sociologie d'un différend. Rennes, PUR.
Riban,C. (2019) Face à l'École : les oscillations de mères de familles populaires, Recherches en Education n°38 https://journals.openedition.org/ree/722
Riban,C. (2021) Des enseignant∙e∙s face à des enfants et des parents jugés non conformes, Agora débats/jeunesses, vol. 87, pp. 25-38.https://www.cairn.info/revue-agora-debats-jeunesses-2021-1.htm
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