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AGNES FLORIN : DEFINIR LES ELEVES "PETITS PARLEURS"

Par Catherine Hurtig-Delattre publié 24/09/2021 14:35, Dernière modification 15/12/2022 11:20
Agnès Florin, professeur émérite en psychologie de l'enfant et de l'éducation à l'Université de Nantes , est l'auteure de référence sur cette question des "petits parleurs". Son ouvrage "Le langage à l'école maternelle" paru en 1985 présente les résultats d'une recherche effectuée auprès d'enseignantes d'école maternelle, en se plaçant du côté de l'observation de l'activité langagière des élèves.

Agnès-FlorinUN OUVRAGE FONDATEUR : LE LANGAGE A L'ECOLE MATERNELLE 

 

Cet ouvrage Florin A.,  Braun-Lamesch M.M., Bramaud du Boucheron G., Bruxelles: Mardaga, 1985. — 213 p., Psychologie et sciences humaines.  a fait l'objet d'une synthèse dont s'inspire l'article ci-dessous.  D’après Fayol Michel.: Revue française de pédagogie, volume 75, 1986. pp. 118- 120; Florin (Agnès). — Le langage à l'école maternelle . In https://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_1986_num_75_1_2394_t1_0118_0000_2  Paru en 1985, l'ouvrage est fondamental pour l’étude de l’apprentissage du langage à l’école maternelle.

Pour la première fois, une équipe de chercheuses cherche à « décrire les conditions que les enfants rencontrent pour pratiquer le langage et, par là même, développer leurs compétences dans ce domaine» (p. 13). Pour cela, elles observent les pratiques habituelles de mise en œuvre du langage oral à l'école maternelle, avec un panel de seize classes observées chacune à trois reprises, de janvier à juin, au cours des séances typiques dites « de langage » et « d’ateliers ». Le corpus recueilli comporte des enregistrements sonores et des notes prises par les observatrices (cf. p. 19 à 26).

L'hypothèse de départ est volontairement large : « la maîtresse adapte(rait) son discours aux enfants auxquels elle s'adresse, de façon à en être comprise, à les intéresser, à les faire participer à la conversation» (p. 10). Or, les résultats essentiels rapportés par les autrices montrent que cette hypothèse est loin d'être totalement validée.

L’étude met en évidence plusieurs archétypes récurrents du côté des enseignantes observées :
- En ce qui concerne la longueur moyenne des énoncés, les chercheuses ne relèvent pas de variation notable chez les enseignantes en fonction du niveau des élèves, surtout en ce qui concerne la séance dites de "langage" (p. 35-37).
- En revanche, les enseignantes adaptent le niveau de complexité de langage proposé, selon l’âge des enfants et le type d’activités, les séances spécifiques dites de "langage" mobilisant un langage plus soutenu que les séances en typologie "ateliers".
- De manière massive, c'est l'enseignante qui parle le plus et qui régule les échanges. Or, l'observation montre qu'"elle parle à ceux qui parlent" (p. 55).
- Lorsqu'elle parle, l'enseignante procède surtout par questions (six questions au moins par minute en séance de langage)
- Au-delà de ces caractéristiques récurrentes, les chercheuses observent des variations selon les enseignantes qui ont un "style" et attachent plus ou moins d’attention à s’adresser à chaque élève individuellement et à aborder des thèmes mobilisateurs. 

Les énoncés produits par les enfants sont eux aussi observés et catégorisés :
- En moyenne, environ un tiers des enfants ne prend pas une part active à la conversation (p. 63).
- L'essentiel de leurs propos est constitué de réponses courtes aux questions de l'adulte (p. 101). 
A partir de ces observations, A.Florin isole trois catégories d'enfants : ceux qui parlent beaucoup (P2), ceux qui parlent moyennement (P1) et ceux qui ne parlent pas (PO). (p.157 et suivantes) Elle essaie ensuite de mettre en corrélation ces caractéristiques de participation langagière avec des descripteurs socio-économiques d'une part  et les résultats à une série d'épreuves de langage d'autre part.

Selon Florin et son équipe, tout ou partie des phénomènes observés peut s'expliquer par le fait que les enseignant.es doivent affronter deux exigences contradictoires :  accentuer la richesse informative aux dépens de la participation des enfants ; ou privilégier la prise de parole par tous et toutes en sacrifiant au moins partiellement la richesse conceptuelle (p. 137 et suivantes).
Les autrices, après avoir présenté les principaux résultats obtenus, consacrent un chapitre à la pédagogie du langage oral à l'école maternelle. Elles y récapitulent les principaux aspects mis préalablement en évidence : effets des activités, du niveau scolaire, du thème-support, de l’enseignant.e. Elles insistent sur l’importance des situations dites  "conversationnelles" associées à une forte participation des élèves et qui permettent une meilleure appropriation de concepts complexes, par opposition aux situations dites "techniques" ou  "informatives" qui mobilisent un vocabulaire précis mais au cours desquels les enfants parlent peu.

Pour Michel Fayol, en 1986, « cet ouvrage a l'avantage d'aborder un thème jusqu'alors resté peu exploré ». S’il relève alors quelques fragilités méthodologiques et s’il appelle à des « approfondissements ultérieurs », la qualité de l’ouvrage est saluée.

 Et en effet, cet ouvrage fera date. Certes, l'école maternelle a évolué et le développement du langage oral a pris une place prépondérante. Ce travail reste pourtant une référence incontournable lorsqu'on aborde une démarche d’observation des jeunes enfants avec cette attention particulière à ceux et celles qui produisent le moins d’énoncés oraux.

Autres études

Agnès Florin a complété par d’autres études portant toujours sur des corpus d’élèves d’école maternelle ou de jeunes enfants en structures d'accueil petite enfance.

  • Le développement du langage,  Dunod, Paris, 1ère éd 1999, 2ème éd 2016 Ouvrage général permettant d'acquérir des repères théoriques et concrets sur la construction du langage chez le jeune enfant. 

La deuxième édition de cet ouvrage, complètement réactualisée, traite d'un aspect fondamental du développement de l'enfant : le langage.  Après une présentation de l'évolution des théories concernant l'apprentissage du langage, elle décrit les différentes phases d'acquisition et de développement, ainsi que les dysfonctionnements, en analysant les mécanismes mis en oeuvre. site Dunod éditions)

  • Pratiques du langage à l'école maternelle et prédiction de la réussite scolaire, Presses Universitaires de France, Paris, 1991. Voir en particulier le chapitre 5 : L’individualisation du discours magistral et ses effets sur la participation des enfants
  • Parler ensemble en maternelle, Ellipses, 1995. Ouvrage destiné aux praticiens, avec plusieurs chapitres sur la manière de constituer des groupes de petits, moyens et grands parleurs et de les animer, et présentation de situations pédagogiques avec diverses possibilités, notamment pour répondre aux difficultés de certains enfants.  L'ouvrage est antérieur  aux programmes de 2015/2021, mais il reste d'actualité pour les dispositifs  proposés.
  • Le développement du lexique et l’aide aux apprentissages, in Enfances et Psy n°47, 2010 .
    Cet ouvrage aborde le développement du vocabulaire, qui tient une place importante dans la maîtrise du langage. Comment l’enfant apprend-il le sens des mots ? Existe-t-il un lien entre le développement lexical et les compétences de catégorisation ? Comment les adultes et l’école peuvent-ils favoriser le développement du lexique ?
  • « Les premiers pas à l’école, de 2 à 6 ans », 2014, conférence diffusée par la FFFP (Fédération Française des psychologues)
    approche générale sur le développement de l’enfant à l’école et hors de l’école, avec une partie sur le langage oral.
  • Quelle plus-value du programme « Parler bambin » pour les enfants en multi-accueil ? Isabelle NocusAgnès Florin Dans Le programme « Parler bambin » : enjeux et controverses (Eres 2018) Une étude sur les effets d'un programme de formation des professionnel.les petite enfance et d'organisation d'activités systématiques de stimulation langagière.

 

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