"La mise en œuvre des parcours d’éducation artistique et culturelle", conférence de Pierre Dupont
Pierre Dupont présente la place des actions éducatives dans l’organigramme de la DGESCO, puis s’interroge sur le sens de l’éducation artistique et culturelle (EAC) en retraçant les trente années de textes officiels. D’une expérimentation de l’éducation artistique dans les années 70 à la volonté de généralisation et l’introduction de l’histoire des arts en 2008, en 2013 une nouvelle circulaire (BO n°19 du 9 mai 2013 ; circulaire n°2013-063 du 25-4-2013) introduit les parcours d'éducation artistique et culturelle.
Quoi de neuf avec les parcours ? C’est la question de « l’éternel retour », (Bordeaux et Deschamps 2013). Est-ce que l’EAC est condamnée à une éternelle relance ? Dans le code de l’éducation, c’est la première fois que l’éducation artistique et culturelle (article 6) est inscrite dans la loi. L’EAC est « soclée » ce qui signifie que tout projet est rattaché aux connaissances et compétences du socle commun. Pierre Dupont parle alors d’ancrage plus que d’une énième relance.
Il n’en reste pas moins que le chantier reste d’ampleur. Si de nombreux professionnels maîtrisent les aspects technicistes -monter un partenariat, concevoir un projet, définir des objectifs-, passer du supplément d’âme de l’EAC à la formation réelle de l’élève est au cœur du travail à mener. « L’enfant ne peut connaître un épanouissement harmonieux que si son intelligence rationnelle et son intelligence sensible sont éduquées à parité » (Jack Lang). Cette préoccupation invite à poser clairement les enjeux de la formation.
Par ailleurs les enquêtes concernant le développement des EAC sur le territoire (rapport IGEN 2012, enquête ministère de la culture : ministère de la culture 22,6 % des élèves touchés par EAC, 8% pour l’éducation nationale), la volonté de généralisation des EAC amène un constat amer d’un échec patent. Pierre Dupont en énumère les obstacles : les crédits ; la formation sur les plans quantitatif et qualitatif ; les compétences sectorielles et le travail en transversalité ; la difficulté structurelle pour l’État de ne pouvoir se lier par une convention unique avec les collectivités territoriales (22 régions non fédérées).
En ce qui concerne l’éducation prioritaire, le rapport de l’inspection générale 2012 constate que les élèves relevant de ces dispositifs sont moins touchés par les projets EAC que les autres.
En fin, Pierre Dupont insiste sur la différence de sens entre les parcours pluriels mis en œuvre par la politique de la ville qui se déclinent sous des formes d’accès aux musées ou à des spectacles par exemple pour les publics scolaires et le parcours au singulier EAC de l’éducation nationale. Il s’agit en effet du parcours de l’élève, de la maternelle au lycée, avec les articulations à construire entre les passages d’une structure à une autre au fur et à mesure que l’élève grandit. Le guide pour la mise en œuvre du parcours artistique et culturel est la ressource de référence pour traduire en actes professionnels la circulaire.
Ressources :
Bordeaux M.-C., Deschamps F., Éducation artistique, l’éternel retour ? : une ambition nationale à l’épreuve des territoires, Toulouse : Éd. de l’Attribut, (2013).Collin P., Wallon E. , L’urgence de l’art à l’école : un plan artistique pour l’éducation nationale, Montreuil-sous-Bois: Éd. théâtrales, (2013).
Guide « Pour la mise en œuvre du parcours artistique et culturel
Rapport IGEN 2012 État des lieux de l’éducation artistique et culturelle
Voir la vidéo de l’intervention de Pierre Dupont (1h06 min) :
Ecouter l’intervention de Pierre Dupont (1H00)