"La leçon de l’art, malgré tout… l’expérience esthétique pour tous", conférence d’Alain Kerlan
Ce que l’art « fait » à l’école sous-tend des effets multiples non
réductibles à une approche didactico-pédagogique. Alain Kerlan est
convaincu qu’il y a une puissance éducative par l’art et à travers
l’art. Mais, sommes-nous capables de réunir les conditions pour proposer
aux élèves une expérience esthétique authentique ?
Alain Kerlan
commence par une mise en perspective historique de la présence de l’art à
l’école en se référant à Schiller qui, dès 1795, insiste sur
l’éducation esthétique. Il le cite de mémoire « si vous voulez que vos
citoyens accèdent à la liberté commencez par l’éducation esthétique ».
A
ce jour, pour le chercheur, ce qui est nouveau et significatif, c’est
l’entrée des artistes dans l‘école. Même s’il n’y a pas de recensement
exhaustif, la tendance semble forte. Il illustre cette entrée des
artistes dans l’École avec l’énumération de dispositifs ou projets qu’il
suit : Lyon, Enfance Art et Langage, résidences d’artistes dans des écoles maternelles depuis dix ans ; Montpellier, une résidence d’artistes de quatre ans dans une classe d’un collège Éducation prioritaire
; un plasticien photographe en lycée professionnel ; avec l’université
de Lyon, au musée des moulages, un plasticien a installé une œuvre avec
des étudiants.
L’universitaire nous interroge sur les motivations à
faire entrer des artistes dans l’école ? L’art aurait-il la capacité de
résoudre les difficultés rencontrées par l’institution et en
particulier, celles concernant l’échec scolaire ? Les objectifs visent
plusieurs niveaux de préoccupation : pédagogiques, de démocratisation
culturelle, d’éducation à la citoyenneté, de socialisation, etc.
Toutefois lorsque des artistes entrent à l’école, du fait même des
exigences propres aux disciplines, les temps et l’espace scolaire en
sont modifiés.
Reste la question délicate de l’évaluation nécessaire
des pratiques artistiques avec le risque de les enfermer dans des
grilles inadaptées spécifiques à la forme scolaire.
Quand aux
effets, il est difficile d’envisager que ces pratiques génèrent
d’importants changements où qu’elles se cantonnent à faire progresser
scolairement les élèves. Une chercheure anglo-saxonne, Pipa Lord, montre que cela procède d’un triangle d’apprentissage mutuel entre les élèves, les enseignants et les artistes
Les
effets de l’art à l’école ne sont pas automatiques et le chercheur se
demande quelles seraient les conditions pour que l’art amène quelque
chose à l’école ? Quelle serait la « bonne » pédagogie de l’intervention
artistique ?
Voir l'intervention d'Alain Kerlan (1H21) :
Alain Kerlan, Des artistes à la maternelle. Lyon: SCEREN-CRDP Académie de Lyon : Ville de Lyon, 2005.
Schiller (van) F., Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme
Ecouter l’intervention d’Alain Kerlan 1H07
Ecouter les échanges 11 min
Voir le diaporama de l’intervention d’Alain Kerlan