Aller au contenu. | Aller à la navigation

Vers le facebook de Centre Alain Savary Vers le twitter de Centre Alain Savary Vers le RSS de Centre Alain Savary
Centre Alain Savary
Navigation
Vous êtes ici : Accueil / Education prioritaire / Formations Education Prioritaire / Comment soutenir et accompagner la réussite des élèves ? Dispositifs, apprentissages, trajectoires. Formation du Centre Alain Savary, 4 et 5 juin 2014

Comment soutenir et accompagner la réussite des élèves ? Dispositifs, apprentissages, trajectoires. Formation du Centre Alain Savary, 4 et 5 juin 2014

Par mjampy — publié 03/07/2014 09:25, Dernière modification 26/06/2024 15:14
Parmi les enjeux de la « Refondation de l’école », figure naturellement la réussite scolaire et donc celle des élèves dont la confrontation à l’école est la plus problématique : élèves des milieux populaires ou encore jeunes aux parcours chaotiques. Dans des contextes souvent difficiles et depuis plusieurs années de nombreux dispositifs et situations d’apprentissage dans la classe ou hors de la classe sont expérimentés afin de soutenir et favoriser leur réussite scolaire. Soutenir ? Accompagner ? Etayer ? De quoi parle-t-on ? Qu’est-ce qui soutient les élèves dans leurs apprentissages ? De quels apprentissages s’agit-il ? Qu’est-ce qui fait que les élèves ne progressent pas malgré les efforts déployés par les praticiens au quotidien ? Et donc, qu’est-ce qui fait réussir les élèves ? Comment les trajectoires culturelles et familiales influent-elles sur cette réussite ?

 

Cette formation est introduite par Patrick Picard responsable du Centre Alain Savary et Emmanuel Dupont directeur des interventions et des études à l’Acsé.

La réflexion proposée lors de cette formation articule paradigmes de recherche et témoignages d’expériences concrètes sans crainte des controverses entre les savoirs de recherche et les savoirs de métier. Il s’agit de mieux comprendre comment fonctionne le soutien à la réussite des élèves en accordant de l’importance aux gestes professionnels des enseignants. Qu’est-ce qui marche ? Qu’est-ce qui marche moins bien ? Cette posture de recherche, modeste, est particulièrement intéressante au moment où les décideurs sont submergés d’études quantitatives.

Voir l'introduction de Patrick Picard et Emmanuel Dupont (15 min):

picard dupont

 

Soutenir l’activité des élèves de quoi parle-t-on ?

 

Soutenir, accompagner, étayer : quelles postures et quels dispositifs ?


Laurent Lescouarch, maître de conférence en sciences de l'éducation à l’université de Rouen, indique que pour penser les innombrables dispositifs d’aide aux élèves en difficulté il est important d’analyser les postures professionnelles des enseignants qui renvoient à des logiques pédagogiques différentes.

- Le soutien est centré sur le rattrapage et la reprise scolaire. Il s'agit bien souvent de simplifier les contenus ; mais l'on reste alors sur une reproduction à l'identique des situations ayant engendré l'échec de l'élève.

- L’aide repose sur une relation dissymétrique forte entre l'adulte et l'élève. Elle prend en compte le jeune en tant que personne et est moins centrée sur les questions strictement scolaires.

- L’accompagnement est aujourd’hui le concept le plus mobilisé (pas forcément à bon escient). Il s’inscrit dans la sémantique du verbe accompagner dans le sens de cheminer avec. C’est une posture qui rompt avec la logique des formes scolaires traditionnelles.

- L’étayage ouvre la réflexion sur ce qui pourrait être fait à partir de la situation de l’élève/enfant, dans une visée d’ajustement progressif en dépassant la stricte reprise scolaire. Dans une perspective d’autonomisation, il est nécessaire de penser également le désétayage progressif.

Voir un extrait l'intervention de Laurent Lescouarch (35 min):

Lire le diaporama de Laurent Lescouarch

 

Soutenir les élèves dans leurs apprentissages : Quels apprentissages ? Quels soutiens ?

Patrick Rayou, professeur de sciences de l’éducation à Paris 8, s’interroge : pourquoi faut-il soutenir les apprentissages ?

On n’apprend pas à l'école comme on apprend ailleurs et les élèves, bien souvent, ne comprennent pas ce que les enseignants demandent. Ils sont plus ou moins connivents de la forme scolaire et cette connivence varie en fonction de l'origine sociale des enfants.

Ce n’est pas parce qu’on expose les élèves aux savoirs qu’ils apprennent, tant les implicites sont nombreux. Par ailleurs l’externalisation du travail scolaire accroit les inégalités et les malentendus entre des élèves en situation de décrochage scolaire et l’école.

Pour soutenir les élèves on peut mobiliser des registres d'apprentissage différents  :

-le registre cognitif relève des fonctions intellectuelles des jeunes

-le registre culturel convoque des savoirs sur le monde nécessaires à la réussite scolaire

-le registre symbolique construit l'identité personnelle des jeunes et leurs relations aux autres.

 

 Voir l'intervention de Patrick Rayou (56 min) :


rayou2

 

Soutenir les élèves, comment ?

 

Voici quelques exemples issus des ateliers de présentation d’expériences et d’échanges

-  L’internat de réussite pour tous de Noyon:

 La tête ailleurs. Comment aider les élèves en situation de fragilité ?

- Le collège Jean Zay de Lens :

La pédagogie 3D

 

Les cartes mentales pour développer l'estime de soi

  

- Le collège Lamartine de Villeurbanne :

Soutenir la mobilisation des élèves par des pratiques de co-intervention

 

- Le collège Colette de St Priest :

Le soutien : une activité ordinaire dans le quotidien de la classe.

Analyse des gestes professionnels (22 min) :

 

activite nadia

 

 

Exploration de ce qui pourrait constituer des invariants de la réussite des élèves :

Synthèse des ateliers

  

Soutenir et accompagner les équipes aussi

 

Dans des contextes différents, trois chefs d’établissement (Fabienne Morand-Morel, principale du collège Colette à Saint-Priest ; Dominique Didier-Viforel, principale du collège Lamartine à Villeurbanne ; Jacques Ory, proviseur du lycée d’excellence à Douai) rappellent que le soutien à la réussite des élèves nécessite de soutenir aussi les enseignants  dans la mise en œuvre de leurs projets et dans le développement de leurs compétences professionnelles.

S’il existe plusieurs manières d’opérer, c’est dans les tensions et les écarts entre ce que l’on veut faire et ce que l’on arrive vraiment à réaliser que se situe l’activité réelle. Abdelkader Larbi, directeur général adjoint à la mairie de Vaulx-en-Velin, repère les points de divergence et de convergence avec sa propre activité.

Lire le compte rendu de la table ronde

 

Socialisation familiale, trajectoires personnelles et réussite scolaire

 

Quelles interactions entre le profil des élèves, leur réussite et l’accompagnement proposé ?


Carole Daverne, maître de conférence en sociologie de l’éducation à l’université de Rouen, distingue trois profils d’élèves :

- des élèves porteurs d’un projet qui parviennent à donner du sens à l’école et aux dispositifs de soutien proposés,

- des jeunes à problèmes qui conservent un rapport négatif à l’école,

- des jeunes qui manquent de cadre dont l’appétence scolaire reste à construire.

 

Arielle Compeyron, maître de conférence en sociologie de l’éducation à l’université de Grenoble, présente les principes d'action du CLEPT (Collège Lycée Élitaire Pour Tous à Grenoble) pour soutenir les élèves dans leurs apprentissages. Les dispositifs de cette structure sont analysés en s'appuyant sur les registres de l'apprentissage scolaire présentés par Patrick Rayou.

Voir le diaporama d'Arielle Compeyron

 

Dominique Glasman, professeur à l’université de Savoie, revient sur les internats d’excellence et constate que les résultats des élèves ne sont pas forcément ceux que l’on attendait, au regard des moyens déployés par les professionnels. Comment le comprendre ? Au-delà de l’histoire singulière et sociale des élèves on peut se demander si les étayages offerts sont toujours placés là où ils devraient l’être au regard de leurs besoins. On est pris par les contraintes du résultat immédiat alors que le soutien devrait être pensé dans la durée.

Certes la réussite ou l’échec est bien une aventure individuelle qui se déroule dans un contexte social donné mais, l’attention aux personnes et l’individualisation comme pédagogie de soutien ne doivent-elles pas être pensées dans des collectifs organisés ? Ce sont des espaces de requalification symbolique qui peuvent avoir des effets sur les registres de l’apprentissage aux niveaux culturel et cognitif.

Voir l’intervention de Dominique Glasman (37 min) :


glasman

Lire l'exposé de Dominique Glasman

 

 

Comment les spécificités culturelles, familiales et sociales rencontrent-elles les dispositifs de soutien et comment influent-elles sur la réussite des élèves ?


Pour Françoise Lorcerie, directrice de recherche au CNRS à Aix-en-Provence, la notion de « capital » est important pour favoriser la réussite des élèves. Le capital économique, le niveau d’éducation et le réseau social d’une part, le capital biographique, la façon dont les épreuves ont été gérées dans l’espace familial, d’autre part, et la notion de communauté peuvent être pris en compte. Ils constituent alors des ressources pour la réussite de l’enfant.

On distingue trois grands modèles de famille : le modèle "contractualiste" plutôt permissif, le modèle "statutaire et autoritaire" qui est majoritaire dans les familles populaires, enfin le modèle "maternaliste", incarné par la mère, à la fois statutaire et bienveillant, mobilisé sur le souci de faire barrage au quartier.

Voir l'intervention de Françoise Lorcerie (1H):

lorcerie

 

L’enfant, entre institutions, familles et dispositifs : l’apport du PRE


Table ronde avec Hossein Iken, coordonnateur Éducation prioritaire, Sandrine Lelarge, assistante sociale, Saint-Priest (Rhône), Sophie Ebermeyer, chargée de mission Réussite éducative et Éloïse Clot, coordonnatrice DRE, Grenoble Métropole.

On constate que le PRE a fait bouger, non sans tensions, les lignes d’intervention et les postures professionnelles des acteurs de l’éducation sur des territoires donnés.

Un dispositif de plus, certes, mais des ouvertures aussi pour aborder ensemble les questions vives qui se posent dans l’accompagnement des familles en situation de fragilité.

 

En guise de conclusion : florilège de quelques idées fortes rédigées par les participants et reprises par Patrice Bride, rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques.

 

« Aider l’élève à réussir scolairement, c’est lui permettre de comprendre ce qu’on attend de lui »

« Étayer c’est bien, penser à désétayer c’est mieux »

« Le temps de l’apprentissage n’est pas le temps de l’enseignement alors apprenons à cheminer ensemble »

« Réinterroger les notions d’accompagnement, d’aide et de soutien »

« Prendre davantage en compte la parole de l’élève pour mieux co-construire l’accompagnement »

« Les formes de soutien diffèrent selon les registres d’apprentissage : cognitif, culturel, identitaire et symbolique »

« Faire le deuil des bonnes solutions »

« Être pédagogue c’est être en tension »

« C’est le déplacement du regard sur la nature de la difficulté qui crée du pouvoir d’agir »

« En éducation, la controverse sur ses croyances est impérative pour dépasser les doxas »

« L'opiniâtreté de l'école à ne pas mettre en œuvre des changements profonds »

« Donner du sens aux apprentissages en développant l'estime de soi par des outils comme les cartes mentales»

« Définir la réussite de l'élève comme un développement humain favorisant l'émancipation de l'individu... même si ce n'est pas la commande première de l'école »

« Faire avec l'élève et à côté, non pas devant lui »

« Connaître les missions de chacun pour mieux travailler ensemble »

« Les familles d'immigration ont la faculté de trouver leurs propres ressources et leurs propres cadres de soutien »

« L'accompagnement social est un soutien »

« Les élèves  présentent des profils différents pour apprendre à l'école »

« Ne pas être conforme, mais loyal et cohérent avec ses valeurs »

« Accompagner c'est cheminer ensemble »