Proposition de démarche en formation

Préambule : former à partir du travail réel

Observer et analyser une situation de classe en appui d'un outillage didactique et de la prise en compte du vécu de l'enseignant peut constituer un matériau fécond en formation. En effet, il permet d'accéder à l'intelligibilité du travail d'enseignant et d'identifier des enjeux d'enseignement de la compréhension.

L'activité du formateur, qui fait le choix de former à partir de traces de l'activité professionnelle des enseignants, peut se caractériser selon trois constituants intimement liés. 

	Le formateur conçoit son ingénierie pédagogique au regard des objectifs fixés et organise l'espace de formation par le choix de savoirs de recherche à mobiliser, des temps et des tâches à mettre en oeuvre Livret "Concevoir des formations" du CAS
	Afin de faire de la situation de travail un réel appui à la réflexion collective, le formateur en fait une analyse préalable. Il s'interroge sur les connaissances en jeu, les choix didactiques, les conditions de la réalisation de la tâche au regard des savoirs de recherches et des connaissances du métier dont il dispose. Il prend également en compte le vécu des professionnels et cherche à identifier les dilemmes et tensions dans leur activité. (Proposition d'éléments d'analyse de la situation de classe menée par Alexis).
	Lors de la formation, le formateur accompagne les enseignants dans une analyse de la situation de travail visionnée. Mener les échanges permet d'accéder à une compréhension fine de l'activité professionnelle observée mais également de l'activité propre des formés. Lors de ces échanges, le formateur amène les formés à identifier les questions de métier en jeu, ce qui peut faire consensus ou ce qui fait débat et des possibilités d'action dans ce genre de situation.

Une proposition en formation

Ce scénario a pour objectif de cerner et instruire les questions de métier que peuvent rencontrer les enseignants lorsqu'ils conduisent un temps d'élaboration collective du sens d'un récit. 

Présentés de manière successive, les différents temps de la formation proposée sont souvent enchâssés dans le flux des échanges et au regard de ce qui peut faire l'objet de discussions au sein du groupe. Loin d'être conçu comme un guide étapiste à suivre à la lettre, il s'agit surtout d'envisager la formation à partir de traces d'activité comme une démarche d'enquête visant à analyser le caractère problématique d'une situation vécue comme interpellante afin de dégager des nouvelles possibilités d'agir.

Support de présentation de notre proposition (version modifiable) :

Accompagner le visionnage

Contexte et cadre éthique

Former à partir d'une trace d'activité nécessite de définir clairement le contexte dans lequel elle a été prélevée (Diapositives 1, 2 et 3). Par ailleurs, afin de se saisir de commentaires féconds et jamais disqualifiants à l'égard du professionnel observé, un cadre éthique doit être posé :

• bienveillance dans le groupe et envers la personne filmée ;
• échanger sur l'activité professionnelle et non sur la personne : postuler la cohérence de la pratique observée et les bonnes raisons qui orientent les choix du professionnel ;
• écoute mutuelle et confidentialité dans l'espace de formation.

Faire décrire et énoncer des hypothèses de l'activité enseignante

En prenant appui sur les trois temps didactiques d'une séance de compréhension, le formateur invite les formés à décrire la pratique observée. Il s'agit dans un premier temps de rester sur le registre de la description et de l'interprétation des choix de l'enseignant. La description factuelle permet de rendre compte et de se mettre d'accord sur ce que l'on voit de l'activité enseignante. L'interprétation donne un certain sens à ce qui se passe, amène à saisir les intentions des protagonistes de la situation, ce qu'ils cherchent à faire. Lussi Borer, V. & Muller, A. (2014). Quel apport/usage du « voir » pour le « faire » en formation des enseignants du secondaire. In L. Paquay, P. Perrenoud, M. Altet, J. Desjardins & R. Etienne (Ed.), Travail réel des enseignants et formation. Quelle référence au travail des enseignants dans les objectifs, les dispositifs et les pratiques ? (pp. 65-78). Bruxelles : De Boeck. 

Diapositives supports 4 et 5 

Pour anticiper les échanges, voici un exemple du travail réalisé lors d'une formation de formateurs d'enseignants 1er et 2nd degrés (en janvier 2025) :  travaux collaboratifs 

comprendre l'activité enseignante lors d'une séance d'enseignement-apprentissage de la compréhension des implicites 

L'enseignant opère des choix face aux multiples possibilités d'action qui s'offrent à lui et nous éclaire, dans son entretien, sur ses intentions et préoccupations à ce moment précis. La situation de travail observée est en effet indissociable du vécu du professionnel en action. Coupler les extraits d'entretien à l'analyse de la situation professionnelle nous permet d'accéder à la part invisible de l'activité du professionnel.

Au regard des éléments discutés au sein du groupe, de la confrontation des expériences de chacun, le formateur pourra proposer de visionner certains extraits de l'entretien. Il pourra initier des échanges notamment autour des différentes manières de faire : "Vous reconnaissez-vous dans cette activité ? Agissez-vous de cette manière ? Si non, pourquoi ?"

Le groupe pourra s'interroger sur les gains et limites des choix opérés en situation par l'enseignant au regard des dilemmes qui se posent. Des alternatives pourront être recherchées collectivement (Diapositives 6 et 7).

constituer collectivement un répertoire de métier à partir des questions vives d'enseignement-apprentissage dans la situation

Un premier temps de synthèse des différentes questions de métier et des dilemmes soulevés pourra être mené par le formateur (Diapositives 8 et 9). 

La complexité de l'activité enseignante dévoilée tout au long de ce travail d'enquête à partir d'une situation de classe amorce une perspective de développement pour les enseignants formés. Prenant appui sur l'analyse de la situation, la mise au jour des questions de métier sous-jacentes, un dernier temps de constitution d'un répertoire de métier Proposition de formalisation empruntée à Laure Dappe et Marie-Laetitia Dansette, formatrices à Versailles sera l'occasion de mettre en forme des potentielles ressources pour les prochaines expériences professionnelles vécues (Diapositive 10).  

Le répertoire de métier propose de réfléchir à partir de règles de métier entendues comme formulation "de ce qui est à faire pour enseigner la compréhension" et ce sur quoi le collectif en formation s'accorde. Par exemple, "Aider les élèves à construire le sens d'un texte", c'est "traiter les hypothèses des élèves" ou bien encore "s'appuyer sur les interactions orales entre élèves". Le collectif pourra synthétiser  les différentes dimensions afférentes à ces règles tels que les dilemmes, les passages à risques, les outils ou "trucs" à éviter.

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