Aller au contenu. | Aller à la navigation

Centre Alain Savary
Navigation
Vous êtes ici : Accueil / Partenariats / Les journées d'étude 2014-2015 / Quelles collaborations locales et institutionnelles pour améliorer l’accompagnement à la scolarité ?

Quelles collaborations locales et institutionnelles pour améliorer l’accompagnement à la scolarité ?

Par skus — publié 07/07/2015 17:35, Dernière modification 15/04/2016 10:58
Journées d'étude "Questions vives du partenariat et réussite éducative. Quelles collaborations locales et institutionnelles pour améliorer l’accompagnement à la scolarité ?". Présentation et introduction.

partenaires du séminaire 2013-2014Cette année, le comité de suivi a fait le choix de centrer la réflexion du séminaire sur les questions d'accompagnement à la scolarité. A un moment où se mettent en place, non sans heurts, la refondation de la politique de la Ville, de la politique de l'Education prioritaire et la réforme des rythmes, il nous a semblé que l'accompagnement à la scolarité dans les quartiers prioritaires était au carrefour de ces changements prescrits et qu'il serait peut-être utile de questionner les conditions d'un travail partenarial efficace au service de la réussite scolaire et éducative de enfants de ces territoires.

Le compte-rendu de ces journées d'étude reprend l'intégralité des interventions à travers des vidéos chapitrées et des textes (texte fourni par l'intervenant ou écrit à partir de la prise de notes). Il est également disponible au téléchargement (PDF - 62 pages - 8,6 Mo)

Sommaire

Frédérique Bourgeois : le séminaire "questions vives du partenariat et réussite éducative", une dynamique partenariale 

Intervention de Frédérique Bourgeois, Directrice adjointe du CR•DSU

 

Player1
Player1  
Frédérique Bourgeois : le séminaire "questions vives du partenariat et réussite éducative", une dynamique partenariale 0:00
Stéphane Kus : soutenir les professionnels et comprendre la nature des difficultés dans les quartiers prioritaires 9:27

Il s’agit d’un séminaire qui a une « longue » histoire puisqu’il a démarré en 2007 et se poursuit toujours en 2015. L’objectif principal du séminaire est d’offrir un espace pour partager la réflexion, les connaissances et les pratiques professionnelles sur le partenariat autour de la réussite éducative. Depuis 2009, l’intitulé général du séminaire est d’ailleurs resté inchangé « questions vives du partenariat et réussite éducative », ce qui témoigne d’une certaine constance, même si les sous-titres et donc les thématiques de travail changent eux chaque année. 

La spécificité et/ou l’intérêt de ce séminaire sur le partenariat est qu’il soit basé sur une dynamique partenariale qui se travaille au sein d’un « comité de suivi » : les premiers partenaires de l’IFÉ, qui s’appelait alors l’INRP, étaient les CREFE (centres ressources enfance familles écoles) Ain/Rhône et Isère, le collège coopératif Rhône-Alpes, l’école des parents de l’Isère et le CR•DSU (centre de ressources et d’échanges pour le développement social et urbain – Rhône-Alpes). Puis, le CREFE Ain/Rhône et l’école des parents de l’Isère ont quitté le comité de suivi alors que l’inspection académique de l’Isère et le centre académique Michel Delay ont fait leur entrée. La diversité des structures, le fait que l’on y entre et sorte, sont l’une des clés de réussite de cette dynamique partenariale qui vit et n’est pas figée. Il faut noter également le soutien financier de la DRJSCS Rhône-Alpes et sa participation au comité de suivi.

S’agissant des participants, qui sont une vingtaine chaque année, il convient d’insister sur leur diversité et l’évolution au fil des années : la première année, le séminaire rassemblait des coordonnateurs PRE (programmes de réussite éducative), des représentants du milieu associatif, de la CAF (caisse d’allocations familiales) du Rhône et de la direction jeunesse et sports de l’Ardèche et… il n’y avait pas de représentant de l’éducation nationale. Aujourd’hui, les participants sont plus diversifiés avec des représentants de collectivités locales (communes, agglomérations, conseil régional), de l’éducation nationale et du secteur associatif. Par contre, il y a un point commun entre les participants de 2007 et ceux des années suivantes, c’est leur fidélité à ces rencontres comme si se retrouver à l’IFE apportait une bouffé d’air dans un quotidien pas toujours facile, et ce quelle que soit l’origine professionnelle. 

Les thèmes abordés au cours des différentes séquences du séminaire sont eux aussi assez diversifiés. Il ne s’agit ici pas de s’intéresser aux apports du séminaire en termes de contenu car cela est fait par ailleurs  mais de rappeler quelques unes des thématiques travaillées : la parentalité ; la réussite éducative et la réussite scolaire ; les notions de diversité et d’ethnicité dans les pratiques professionnelles ; la violence à l’école ; l’accompagnement des jeunes en grande difficulté scolaire ; les pratiques langagières des jeunes ; la prévention des discriminations dans le champ éducatif ; l’évolution des politiques éducatives ; les relations écoles/familles ; le rapport au savoir et à l’apprentissage ; les métiers de la coordination ou encore la question de l’évaluation. Le champ est large voire inépuisable et ce qu’il importe de retenir de ces différentes séances de travail, c’est l’opportunité qui a été donnée de pouvoir échanger en toute liberté, sans contrainte, pour parvenir à élaborer collectivement un point de vue ou une expertise partagé des problématiques et des difficultés auxquelles chacun est confronté dans son quotidien. Ce que le séminaire a permis, c’est de se poser pour prendre du recul et réfléchir sur ce qui fait sens dans les pratiques professionnelles de chacun. 

F. Bourgeois et S. KusQuant aux manières d’approcher le sujet, là encore diverses formules ont été expérimentées : le séminaire sur plusieurs séances espacées durant l’année (entre 3 et 6 demi-journées) et les journées d’études ; des interventions plutôt théoriques par des experts, des retours d’expériences d’acteurs de terrain et des témoignages d’institutionnels ; des séances plénières et des travaux en petit groupe. Selon les années, les groupes de participants sont à géométrie variable : des groupes constitués majoritairement de professionnels de terrain ; des groupes constitués de personnes en responsabilité ; et il y a deux ans, les inscriptions ont été faites non pas à titre individuel mais par territoire. 12 territoires de Rhône-Alpes ont ainsi participé à ce séminaire avec a minima un représentant de la collectivité locale et un représentant de l’éducation nationale. Cela a permis de réfléchir collectivement aux difficultés rencontrées sur un territoire et aux pistes de solution à imaginer ensemble. Pour résumer, c’était une manière de faire vivre et d’éprouver le partenariat « pour de vrai ». 

Comme toute dynamique partenariale, une question traverse ce séminaire : comment se renouveler et pérenniser sans lasser les partenaires ? Ce sera l’enjeu pour les années à venir.

Stéphane Kus : soutenir les professionnels et comprendre la nature des difficultés dans les quartiers prioritaires

Intervention de Stéphane Kus, chargé d'études au centre Alain-Savary

Le séminaire, dans toutes ses évolutions a cherché à être un lieu de ressourcement pour les professionnels et de compréhension des difficultés des enfants des quartiers populaires face à la "réussite éducative et scolaire", même si justement ces expressions euphémisantes constituent un des voiles à soulever pour comprendre et agir.

Au-delà de l'injonction au partenariat, il s'agit donc de réfléchir collectivement à construire un diagnostic partagé sur l'accompagnement à la scolarité dans les quartiers prioritaires pour outiller et redonner du sens aux coopérations locales :

  • De quels indicateurs a-t-on besoin quand on parle d'accompagnement à la scolarité ? Niveau de revenu ? ou plutôt niveau de qualification des adultes ?
  • Quelle compréhension des problèmes réels avons-nous ? Comment pouvons-nous déconstruire les projections stéréotypées qu'on projette sur les quartiers et leurs habitants pour pouvoir agir ? La connaissance des travaux de recherche sur les inégalités éducatives et scolaires est un outil pour cela : ils permettent de voir ce qu'habituellement en tant que professionnel on ne peut pas voir (Par exemple Séverine Kakpo nous donne à voir ce qui se passe vraiment autour des devoirs à la maison dans les familles populaires), ils permettent de comprendre que ce qui se joue dans la relation école-famille et les malentendus qui la sous-tendent dans les milieux populaires (cf Sylvie Cèbe présentant les styles éducatifs), ils permettent de comprendre que la domination sociale se rejoue aussi dans le rapport au savoir et au travail. 
  • Comment comprendre et soutenir les métiers ? les métiers ont leurs spécificités, on ne peut pas demander aux gens de faire du partenariat et de travailler ensemble sans prendre le temps d'expliciter les "cultures professionnelles", sans prendre le temps aussi de prendre conscience des rapports de pouvoirs qui se jouent entre les institutions et à l'intérieur des institutions - Et l'école en tant que lieu est déjà traversée par ces tensions interinstitutionnelles (entre collectivités et Education Nationale) et ces rapports de domination entre professionnels (enseignants et ATSEM, enseignants et animateurs, direction du collège et enseignants, etc…)
  • Comment piloter le partenariat ? Comment partager entre responsables de différentes institutions ces difficultés des enfants et des jeunes, les difficultés des professionnels à agir sur ces difficultés des élèves et les difficultés des pilotes à soutenir et accompagner les professionnels, pour essayer de construire de la formation et de l'accompagnement ? 

Il n'est pas donné d'avance que tous les dispositifs partenariaux qui touchent à l'accompagnement à la scolarité, construits par les politiques publiques successives et leurs traductions locales, aient un réel impact sur les professionnels directement en contact avec les enfants et les jeunes, et sur la réussite de ces enfants. Un dispositif ne porte pas en lui-même les clés de sa réussite. C'est à chaque fois les conditions de l'appropriation collective et du partage des difficultés qu'on veut surmonter qu'il s'agit de remettre en chantier.